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David Giguère – Hisser haut

Je suis arrivé au Cercle sur la rue St-Joseph à Québec, bien avant l’heure du lancement. Hisser haut (sous étiquette Audiogram) est le premier album de celui qui fait beaucoup parler de lui dans les médias ces dernières semaines, David Giguère. J’étais intrigué par toute l’attention portée vers lui et j’avais hâte de découvrir celui dont Ariane Moffatt dit autant de bien.

Au lancement de Montréal, on a rapporté qu’elle serait « arrivée sur scène avec une larme à l’oeil » (elle agit à titre de directrice artistique de l’album), tellement elle était émue par sa prestation…

Disons que la barre était haute ce soir, pour « elle et lui » !

Le concert a débuté de façon un peu sèche; aucune introduction ou salutations d’usage. Une salle à peine remplie, majoritairement par des jeunes dans la vingtaine. Plusieurs continuaient à discuter, certains faisant dos aux quatre musiciens qui étaient sur scène. Qu’à cela ne tienne, David Giguère entonnait ses compositions avec un gros sourire dans le visage. Il était heureux d’être sur scène… ça, il nous l’a dit à quelques reprises !

Musicalement, je découvre des tonalités assez brutes, comportant certaines envolées lyriques aux teintes parfois inégales. Un violoncelle (David Aubé) charpenté et un violon (Sara Jasmin Laurence Nerbonne, je crois) bien senti se distinguent du piano (ou de la guitare, c’est selon) que le jeune Giguère enfourche avec aplomb et assurance. Une voix féminine de haut calibre (Camille Poliquin) rehausse les harmonies et forme un beau mariage avec la voix de l’interprète. Je comprends pourquoi autant d’attention est portée au début de carrière de David Giguère, celui qui affirme que « la musique n’est pas un jeu ».

Mais la performance de ce soir demeure très inégale. Au moment où un passage me séduit et me porte à cesser de penser, survient une baisse d’énergie qui sème le doute; pourtant, la voix est juste et le ton assuré. Je ne vois pas vraiment ce qui m’empêche d’apprécier le plein potentiel de l’artiste dont on sent bien ce petit quelque chose qui est tout près d’éclore de sa plénitude. Est-ce la pigmentation de sa voix à la Pierre Lapointe ou cette allure « trop plein de talents » qui rappelle Xavier Dolan (tignasse au rendez-vous)… certains instants, on croirait que ça décolle. La baisse de régime ne serait peut-être pas détectable si les pics n’étaient pas si haut !

Enfin, c’est très satisfaisant, qu’on ne s’y méprenne pas.

Je suis sorti sans acheter le disque, néanmoins. Il faut dire qu’à la même heure, le soir d’avant, j’avais passé de très beaux moments au Théâtre Petit Champlain en compagnie de Vincent Vallières. J’éprouve bien davantage, ce soir, le goût intense de m’y replonger.

Je reviendrai sûrement à Giguère, mais je vais le laisser vieillir un peu.