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Les deux stooges du gouvernement Harper

Les jeunes hommes et femmes qui s’enrôlent dans l’armée le font pour de multiples raisons – patriotisme, goût de l’aventure, simple choix de carrière ou encore pour sentir qu’ils apportent leur contribution à la société dans laquelle ils vivent. D’une façon ou d’une autre, une chose demeure claire et limpide : l’État contracte une dette morale envers eux en retour des éventuels sacrifices consentis.

Le gouvernement conservateur, se présentant pourtant comme grand défenseur des forces armées au nom du grand patriotisme et du devoir de protéger la patrie, a choisi de se déshonorer et de cracher sur ceux et celles qui s’engagent dans la profession des armes, volontaires à se placer en danger mortel à la demande de l’État, prêts à répondre à l’appel et à la nécessité, parfois, de faire la guerre. Il a choisi de renoncer à prendre soin convenablement de ceux et celles que les blessures physiques et l’esprit envahi par le démon du stress post-traumatique priveront de l’espoir d’une vie normale. Des hommes et des femmes qui n’ont souvent même pas 30 ans et qui espèrent le soutien de l’État qu’ils ont servi.

Au milieu d’une vague de suicides dans les rangs des forces armées et alors que se déroulent deux recours collectifs opposant des associations de vétérans aux gouvernements du Canada et du Québec, le gouvernement Harper décide que l’hypocrisie ne va pas encore assez loin et ferme huit centres de services d’Anciens combattants Canada au nom de l’austérité budgétaire. Des endroits où les vétérans, de ceux de la Deuxième Guerre Mondiale à ceux de la guerre d’Afghanistan, pouvaient obtenir un soutien de première ligne. Ils devront désormais se rendre aux comptoirs de Service Canada, une agence multi-services aussi transparente qu’une huître au fond de la mer – une autre tendance gouvernementale que de transformer les ministères en agences afin de réduire l’imputabilité de ses dirigeants devant le Parlement.

Pour ajouter l’insulte à l’injure, deux députés conservateurs dont le ministre des Anciens combattants lui-même ont dévoilé au grand jour leur ignorance crasse et leur mépris pour les vétérans qui réclament le maintien des services aux blessés. Cheryl Gallant a déclaré que les craintes des militaires quant à leur renvoi de l’armée après un diagnostic de trouble de stress post-traumatique sont, comme la maladie elle-même, « dans leur tête ». Julian Fantino, lui, a décidé d’ouvrir les vannes de la condescendance et de l’arrogance caractéristiques de ce gouvernement. Après un retard de près de deux heures à une rencontre avec une association de vétérans, le ministre a déclaré que les plaignants étaient des « pantins des syndicats et de l’opposition » (« opposition and unions stooges »).

Des déclarations qui proviennent de deux membres séniors d’un gouvernement qui se veut le champions des militaires, alors que l’opposition néo-démocrate déposait une motion parlementaire afin de maintenir les centres de services ouverts. Julian Fantino et Cheryl Gallant se comportent ici comme les pantins d’un gouvernement qui, au fond, ne fait que poursuivre un agenda de déréglementations, de privatisations et de démantèlement de l’État sacrifié sur l’autel de l’argent.

« Je me sens trahi par ce gouvernement », a dit Terry Collins, un ex-militaire ayant servi 22 ans dans les forces armées avant de succomber au trouble de stress post-traumatique. Un autre constat que l’ennemi n’est pas toujours celui qu’on croit.

le gouvernement Harper renonce à ses propres valeurs et trahit non seulement les vétérans, mais aussi sa propre philosophie. Les Conservateurs aiment bien agiter les drapeaux et serrer des mains lors du Jour du Souvenir. « Nous nous souviendrons » prend ici un autre sens.