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Aimer le mal – notre épopée au Amnesia Rockfest 2015 ..suite et fin

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Crédit photo: Véronique Ethier

Pénible matinée après une nuit à dormir carré et les impitoyables rayons qui nous fendent la cornée. Toutefois, impossible, impensable de se laisser aller à la grasse, de se prélasser mollement dans la pelouse humide. Oh que non. La deuxième et plus imposante journée du Rockfest débute dans quelques heures à peine et nous avons un rencart avec tant d’icônes. Ça fait que go. On s’graille pis on décolle.

La marche est douloureuse dans ce village sur le corde à linge. Notre corps endolori nous communique de façon très peu subtil son cruel manque de sommeil. Pour affronter le boss, nous devions de toute évidence récupérer davantage de points de vie. Nous dévalions donc le sentier à la recherche d’un coin d’herbe et d’ombre, quand au coin de l’oeil apparut un oasis azur, merveilleux: la piscine de l’auberge. C’est donc bien allongé au soleil, les pieds dans l’eau que nous avons apprécié les ritournelles ska de Less than Jake qui ne pouvait pas nous partir la bal de plus belle façon. Haha!

9.Fear Factory-A
Crédit photo: Véronique Ethier

Un rock-dog plus tard et on pouvait enfin se considérer comme prêts et le premier arrêt s’appelait Fear Factory. Le groupe de L.A. lui, était bien réveillé et leur prestation fut pour nous la surprise du week-end. D’une telle force, d’une telle rage. Leur metal industriel nous a enfoncé le visage sous une intense vibration, à la jonction de riffs marteau et de sonorités électro machinales. Un poing de fer dans un gant de…fer.

Suivait à l’horaire, l’artillerie lourde d’Hatebreed. La journée pointait à son paroxysme et la foule se faisait de plus en plus compacte. Le band du Connecticut l’a pompée comme il se devait. Leur toujours efficace crossover metal, à la frontière du thrash et du hardcore, agrémenté de subtiles structures rap a été la parfaite bougie d’allumage. Le Fest s’était de nouveau mis en branle, il n’y avait plus aucun doute.

10.TheMelvins-B
Crédit photo: Véronique Ethier

Nous avions ensuite rendez-vous avec le second monument du week-end, en la personne du vénéré King Buzzo. En effet depuis plus d’une trentaine d’années déjà le grand Buzz Osborne racle les tympans de générations aux commandes des Melvins. Leur son lourd, boueux, englué dans un espèce de sludge metal sombre et parsemé d’élans stoner rock hallucinés en a inspiré plusieurs. Le voir se démener devant nous, vêtu d’une toge doré de grand-prêtre de l’ancien Égypte fut une friandise dont nous nous sommes littéralement régalés.

Vint ensuite l’heure de la traditionnelle pause du samedi après-midi. Année après année, il s’avère qu’il est humainement impossible de s’en passer pour demeurer d’attaque pour la soirée de fermeture. Elle fut délectable. Nous sommes retournés sur le site, pimpants, au son des street punkers de Rancid qui entamait leur iconique album And out come the wolves… dans l’ordre. Le sourire fendu jusqu’aux oreilles à chaque fois que la foule entière entamait la prochaine track une seconde à l’avance dans son débordement d’anticipation. Un bien beau moment sous le soleil.

On a écouté de loin le rappeur californien Snoop Dogg qui faisait figure d’invité hip-hop de l’année. Correct, sans plus. Un intermède disons agréable, au coeur de cet assaut de décibels mais quand ton plus gros hit c’est un maladroit cover d’House of Pain (la vendue-d’avance Jump around), ça laisse comme un arrière-goût.

5.Refused-B
Crédit photo: Max Clark

Ok. Maintenant, c’est l’heure de passer aux choses sérieuses. S’alignent sur la grande scène, les tout-récemment réunis tsars du post-hadcore: Refused. Et ils nous en ont pété tout une. Dans le soleil couchant, en bondissant à chaque break-down et en hurlant comme un interné dans son micro qu’il faisait virevolter au-dessus de nos têtes comme de la toile sortant de sa paume, Dennis Lyxzén a tout fracassé. D’une rage indescriptible. C’était parfait.

4.RobZombie-B
Crédit photo: Véronique Ethier

Troisième monument du festival et non le moindre, le cow-boy d’outre-tombe: Rob Zombie. Entouré de musiciens incroyables, dont John 5 et Ginger Fish, ayant autrefois sévis aux côtés de Marilyn Manson, il nous a servi une prestation éclatante, fidèle à sa réputation. Véritables bêtes de scène, Zombie et sa bande n’ont pas lésiné pour assurer le choc et ça leur a rapporté. On pourrait par contre se plaindre des incessant covers et du rappel télégraphié 1 mile à l’avance. Ouin.

On a écouté de loin les folleries de Tenacious D. Le jokin’ band de Jack Black a eu l’air d’assurer, mais nous avions soif pour beaucoup plus de colère et de sang que ça et c’est pourquoi nous en avons profiter pour nous approcher tout près, aux premières loges pour accueillir en notre sein les dieux du metal…Slayer! (coup de tonnerre fracassant..) 

1.Slayer-A
Crédit photo: Véronique Ethier

Et quand les premières notes frénétiques de World painted blood ont retenti, on savait que c’était parti et que jamais ça n’allait ralentir. Un feu roulant, ravageur, destructeur. Un véritable cataclysme de riffs sauvages et de pédale-double dans le tapis. C’était Slayer, sans merci, coordonné à la perfection, brutal comme pas deux. Au centre, Tom Araya, tel un grand chef pour notre immense tribu, le Seigneur parmi ses disciples, un vieux sage. Ce fut le clou de notre week-end, le grand moment du dixième Rockfest.

13. Systeme of a Down-1
Crédit photo: Mihaela Petrescu

Et pour clore cette gigantesque journée, suivirent les méga-stars de System of a Down. Leurs mélodies sont à ce point originales, dans la rencontre de rythmes bondissants diaboliques et d’harmonies vocales orientales quasi-opéresques, que leur succès était assuré. Mais il y avait quelque chose. On sentait une certaine lassitude, un genre de froid sur la scène. La passion n’y était pas, mais bon ils ont assuré tout de même et tous ensemble, nous sommes repartis repus, faire une petite sieste de 2 jours.

À l’an prochain cher géant.