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La souveraineté en 2014, discussion avec Sol Zanetti

Il n’y a pas que mes collègues Simon Jodoin, André Péloquin et Joseph Elfassi qui se sont lancés dans les longues entrevues, moi aussi (ceci dit, belle initiative, les gars). J’ai commencé ça en septembre, sur les ondes de CKIA, à Québec, pis c’est bien le fun. Je vous avais déjà partagé une partie de celle avec Dany Placard, l’autre jour.

Le 18 octobre dernier, je recevais Sol Zanetti, chef d’Option Nationale, pour parler de souveraineté en 2014. Preuve que c’était une bonne idée, Le Devoir tenait une table ronde sur le même sujet quelques semaines plus tard (mais avec Stéphane Dion et Joseph Facal), et des amis font une émission sur la souveraineté en 2014 le 6 décembre avec Robert Laplante, Natacha Gagné et Sol Zanetti. Décidément, je suis un influenceur sans le savoir.

Bref, je vous ai mis à l’écrit une partie de cette entrevue. Sinon, elle s’écoute au complet par ici (ou ci-bas). C’est à la trentième minute, environ.

SolZanetti

Mayonnaise: Aux dernières élections, Option Nationale n’a pas réussi à obtenir 1% des suffrages. Comment analysez-vous la dernière élection maintenant?

Sol Zanetti: Ça été un résultat difficile. On a fait de notre mieux, mais on a constaté que l’exposition médiatique pour promouvoir nos idées a été très décevante. En 2012, déjà, on trouvait qu’on n’avait pas eu beaucoup de visibilité médiatique, mais on avait eu 1,5% du poids médiatique, pendant la campagne, selon Influence Communication. En 2014, on est passé à 0,21% du poids médiatique, pendant la campagne. Avec ça, on peut dire qu’on a au moins fait trois fois notre poids médiatique aux résultats!

Pour plusieurs, Option Nationale était le parti de Jean-Martin Aussant. Avec son départ, plusieurs ont crié à la fin du parti. Vivez-vous encore dans son ombre?

C’est sûr que pendant un an, chaque fois que les médias parlaient de nous, c’était pour dire qu’on était mort mais qu’on ne s’en rendait pas compte, pour reprendre la formulation de Mathieu Bock-Côté. Je pense qu’on l’a fait mentir sur le terrain, en rebondissant dans certains résultats d’élections partielles, en faisant des rassemblements assez importants.

Nous sommes dans des campagnes de chefs. Est-ce votre stratégie?

On est un parti d’idées. Un pas symbolique qu’on a fait aux dernières élections, sur les bulletins de vote, les partis marquent sous le nom du candidat «CAQ – Équipe François Legault». On a fait un pied de nez à ces partis. Au lieu d’écrire le nom du leader, on a mis «Pour l’indépendance du Québec». Je pense que c’est important. L’idée est plus forte que le leader.

Au début, le Parti Québécois était un parti rassembleur, puis avec le temps, le parti s’est déchiré sur une vision gauche-droite. Est-ce un danger qui guette aussi Option Nationale?

Ça m’apparaît hautement improbable. Nous ne sommes pas à l’abri de devenir un vieux parti institutionnel fini, mais je pense qu’Option Nationale connait les erreurs des partis du passé. Le piège dans lequel est tombé le PQ est le piège du «bon gouvernement». Ils ont cru qu’ils devaient montrer qu’ils étaient capables de bien gérer un gouvernement. Le premier gouvernement de Lévesque, de 1976 à 1980, a été un des meilleurs gouvernements de l’histoire du Québec, et ça n’a pas fait augmenter l’appui à la souveraineté. C’est la preuve de l’échec du bon gouvernement. Et ce n’est pas clair que le Parti Québécois va se sortir de ce piège de sitôt.

C’est le problème du PQ, qui en arrache depuis plusieurs années, le «bon gouvernement»?

Il y a un choix fondamental qu’ils n’ont pas fait. Ils ne sont pas prêts à perdre le pouvoir pour faire l’indépendance.

Il faut y aller en se disant que nous sommes là pour l’indépendance. Ils iraient chercher les appuis des souverainistes. Quitte à perdre. Je crois qu’ils auraient le pouvoir, il y a plus d’appuis à l’indépendance que les suffrages du Parti Libéral, mais ils doivent être prêts à aller dans l’opposition. L’indépendance peut se préparer de l’opposition. Mais certains ont peur de laisser la place aux Libéraux. Je n’aime pas les Libéraux non plus, mais c’est devenu plus important de les battre que de faire l’indépendance.

Quand certains promettent de faire un référendum dans un deuxième mandat consécutif, je trouve ça absurde! Imaginez que le Parti Vert dise «on va protéger l’environnement dans un deuxième mandat, parce qu’on n’est pas sûr de rallier tous les électeurs». Ça ne marcherait pas. Il y a juste au Parti Québécois que c’est considéré comme une option. Ils ont peur de perdre un autre référendum.

Mais perdre un troisième référendum serait une énorme claque au mouvement. On continue des référendums continuellement?

Quand c’est une cause juste, on continue. Imaginez le droit de vote des femmes, si elles avaient laissé tomber. On a une cause juste. Elle est démocrate. Elle doit arriver pour le bien des Québécois.

Pierre-Karl Péladeau divise les souverainistes. Il aide ou nuit à votre cause?

Je ne pense pas qu’il y ait de mauvais appuis à l’indépendance. C’est un Québécois très influent en qui les gens ont confiance. Serait-il plus puissant s’il était chef du Parti Québecois ou s’il restait patron de Québécor et qu’il donnait une ligne éditoriale claire pour promouvoir l’indépendance? On se le demande. Gesca donne une ligne éditoriale et c’est légal. L’indépendance journalistique demeure, mais il y a une ligne éditoriale. Ça pourrait faire davantage avancer la cause. Voyez comment [ses journaux] ont martelé que le Québec est dans le rouge. Ça envoie un message qui marche.

Le débat en Écosse était différent de celui du Québec. Des éléments qui pourront vous servir?

Les débats sont différents, mais ils ont beaucoup parlé des avantages économiques et c’est une bonne chose. La démonstration peut se faire. Ils ont beaucoup impliqué les communautés culturelles, ce qu’on n’a pas réussi encore, aux deux référendums précédents. On doit aller chercher l’appui des immigrants.

Souvent, les politiciens sont des avocats, des économistes… Ou depuis peu, médecin. Un philosophe a-t-il à travailler plus dur pour être crédible?

Je pense que je vais peut-être les convaincre à l’usage. La crédibilité, si elle tient juste de la discipline dans laquelle on a travaillé ou étudié, ça ne tient pas longtemps, les faits peuvent les briser. René Lévesque, c’était «juste un journaliste». Qu’est-ce qu’un journaliste a de plus qu’un économiste pour diriger un gouvernement? Il a fait ses preuves par ses actions.

Mayonnaise (18-10-2014) by Radio Ckia on Mixcloud