Musique

Scène locale : Retour sur Complys / La Réplik

Alors que le rap commence à être récupéré pour faire vendre des hamburgers, l’underground continue de se faire les dents sur les scènes montréalaises. Et ce n’est pas toujours de tout repos, comme on a pu le constater samedi dernier, au Club Soda, pour la soirée C’est clair, qui mettait en vedette, entre autres, les formations Complys et La Réplik. Public restreint, une sono (encore une fois!) déficiente, et un sonorisateur ayant un sacré problème d’attitude – lorsqu’il a sorti un micro de derrière sa console pour dire qu’il lancerait par la fenêtre le CD sur lequel se trouvait la trame musicale de Complys parce qu’elle coinçait dans son lecteur, ça en disait long sur le peu de respect qu’il avait pour les artistes sur scène… Mais on a pu au moins constater que La Réplik, ce groupe en noir et blanc (dans le sens de couleurs de peau…), commence à être sérieusement prêt à passer à une étape supérieure: un bon mélange de personnalités, quelques pièces vraiment solides et une simplicité qui facilite la communication avec le public. Même chose pour ce qui est de Complys, issu de la Rive-Sud, avec les MC principaux C-Drik et Shadow, qui haranguent la foule avec vigueur, lui donnant des rimes en québécois avec un flow très rapide et une qualité d’écriture pas piquée des vers. Malgré les problèmes techniques, ils ont démontré leur professionnalisme en terminant leur prestation a capella. Dans de meilleures conditions, et avec des moyens à la hauteur de leurs talents, ces deux formations pourraient faire pas mal plus de bruit.

Double A & Twist
Sans contredit les maîtres du drum’n’bass à Montréal, Aaron Siegner et Oliver Sasse se font appeler Double A & Twist lorsqu’ils sont derrière les platines; et Dune lorsqu’ils produisent leur propre musique, que ce soit sur leur étiquette (Dune Recordings) ou sur des étiquettes anglaises (Basement) ou américaines (Thrive, Sm:)e, ou Breakbeat Science). Ils font partie de ces quelques élus de la scène locale électronique dont la réputation dépasse nos frontières, et qui doivent parfois s’exiler pour s’épanouir. D’ailleurs, au printemps dernier, le duo avait déménagé ses pénates à Washington avant de revenir au bercail il y a quelques mois. «La raison principale pour laquelle on a quitté pour Washington, c’était pour se rapprocher de la Côte-Est américaine, parce qu’on était de plus en plus en demande aux États-Unis; et comme on est deux, ça faisait deux billets d’avion, deux chambres d’hôtel, plus nos deux cachets: ça devenait trop coûteux et on perdait trop de contrats. Et ç’a été finalement très positif. Lorsqu’on est revenus, c’était parce qu’on avait l’opportunité de monter notre propre étiquette.» D’ailleurs, leur premier vinyle sur Dune Recordings (Midnight Run/Wireless) a trouvé une place de choix dans les sets de D.J. internationaux comme Blame, Kemistry & Storm, Grooverider ou Fabio! De plus, le duo anglais Source Direct a accepté d’accomplir un excellent remix de Midnight Run qui sera lancé d’ici quelques semaines. Et les gars sont aussi en demande pour remixer d’autres artistes: la formation islandaise Gus Gus a accepté un remix de leur pièce Very Important People! De quoi vous convaincre d’aller les entendre à leurs soirées The Sessions, les mercredis, au Sona, et Easy Tuesdays, les mardis, au Angel’s.

Les Mouches
De Saint-Jérôme, voici Les Mouches! Auparavant connus sous le nom de Shotgun Wedding, moins leur ancien chanteur remplacé depuis par Christian Rault, ils ont fait subir un virage francophone à leur rock… rock! Car chez Les Mouches, on ne fait pas dans le branché électronique ou la copie alternative: on fait dans le rock juste assez agressif pour ne pas être trop straight, et juste assez pop pour ne pas être trop fucké: «Nous, on fait la musique comme ça vient, explique Christian. Par exemple, on a commencé à ajouter des influences surf parce que notre guitariste Christian Dion (ex-Henri Band) tripe là-dessus. Et en show, c’est très différent de notre CD intitulé Démouche, c’est beaucoup plus rock, il y a beaucoup d’énergie sur scène.»

Et pourquoi Les Mouches? «Christian, ou Wong pour les intimes, on le surnomme La Mouche depuis des années, parce qu’à chaque fois qu’il a envie de fumer un joint, il dit: "On fume-tu une mouche?" Donc, à force de fumer des mouches, on s’est dit: pourquoi on s’appellerait pas Les Mouches? Comme tu vois, c’est une bonne chimie qui unit le band…» On risque de voir plus souvent Les Mouches à Montréal dans les prochains mois, dont ce jeudi 8 mars, au Café Chaos.

La Cage de bruits
La première fois que j’avais vu Danielle Richard et sa cage de bruits, c’était au Zest, en finale de l’édition 97 des Francouvertes, et j’étais loin d’accrocher à cette mixture rock trop énervée et un brin dépassée. Un an plus tard, au même endroit, c’était déjà beaucoup mieux: une meilleure cohésion au sein du groupe et une énergie mieux dosée entre des moments ultra-énergiques et d’autres plus intimistes faisaient en sorte que tout cela avait plus de gueule. Bien sûr, les influences de rock fusion à la Rage Against The Machine étaient passablement présentes, mais bon… Le 11 avril, au Café Chaos, la formation (qui s’appelle maintenant simplement La Cage de bruits) lancera un CD deux titres (Manifester – d’inspiration clairement Rage, et la plus subtile Amourrir). Ce sera une bonne occasion de vérifier où ils en sont rendus.

Echo / Zulu Furax
Le 10 avril, au Zest (2100, rue Bennett), vous aurez l’occasion de faire au moins une bonne découverte. Je dis au moins une, car je n’ai entendu des chansons que de la formation Echo, constituée de Sébastien à la voix, David à la guitare, Doug à la batterie et Mr. X à la basse. Des chansons pas trop électriques, un brin électroniques, assez acoustiques et très mélodiques, accompagnées de textes oscillant entre le critique, le philosophique et le sympathique. Voilà qui donne envie d’en entendre plus…

Pour ce qui est de Zulu Furax, on dit de cette grosse bête, presque entièrement instrumentale et faite de cordes et de cuivres, qu’elle tire ses influences de Frank Zappa et de John Zorn, et qu’elle nous emmènera dans des univers éclectiques, jazzés et progressifs. Vous voilà prévenu… La soirée débute à 21 h et les billets coûtent cinq dollars.

à souligner
– Tel qu’annoncé dans notre spécial Nouveaux visages, la formation Royal Hill souligne par un spectacle au Café Campus, le 8 avril, le lancement d’un maxi.

– Indiefest 2, le 9 avril, à partir de 17 h, au Club Soda, avec une vingtaine de formations alternatives, punk, ska, rock de la région de Montréal. 10 $ à la porte.

– La formation anglophone The Datsons présentera son rock fortement influencé par les années 60, le 9 avril, au Jailhouse. Leur deuxième album est prévu pour juillet.

– Les soirées hip-hop Cité du rap se poursuivent le 14 avril, au Cirque, avec Reality, Hypercyclone, L’il Siss, Skandall, Top Flow Connection, Phenomenal Clik, Almagamate FUO et Case & Xplicit.