Musique

Notes : Michael Laucke

Michael Laucke a fait la couverture de Voir il y a dix ans. Eh oui. Une pleine page. Avec sa guitare classique en premier plan, bien sûr. Cette fois, il a accroché une banderole avec un soleil, tout en haut du Théâtre Maisonneuve, qui surplombe la Place des Arts, question de marquer son retour en ville. Car Michael Laucke est ici chez lui. Natif de Montréal et citoyen de la planète bleue, il aura fait le tour du monde en quatre-vingts concerts et peut se vanter d’avoir joué partout. À la Maison-Blanche comme à Carnegie Hall et même sur la Grande Muraille de Chine. Dix-sept disques en quelque trente ans de carrière, et des critiques élogieuses d’un peu partout qui soulignent sa virtuosité, voire son génie, et son importance considérable pour le rayonnement de son instrument de bois dans notre bout de pays.

Il y a des gens qui consacrent toute leur vie à une seule idée, une seule carrière, comme une obsession. Laucke est comme ça. Comme un illuminé, il ne parle que de guitare, que de soleil. Il est l’enthousiasme personnifié. En fait, ce n’est pas qu’il arrive au mauvais moment mais aujourd’hui on se méfie du flamenco. Il semble que tous les guitaristes veuillent en jouer, brusquement, et à cause de ça, on veut être sûr d’avoir du vrai. Pas du plastique. On se dit que pour en jouer, il faut des foulards et de la sangria; il faut être andalou, en somme. C’est peut-être pour ça que Michael décrit maintenant son répertoire comme de la «musique du monde». Pourtant, il a des références. La guitare, il l’a apprise du maître absolu, Andres Segovia, l’Espagnol, qui l’a même rejoint sur scène pour ce qui fut son ultime récital. Et puis, à New York, il a partagé son loft avec un certain Paco de Lucia. Le genre de coloc qui laisse des traces.

Donc, les 16 et 17, Michael Laucke investit la Cinquième salle (PDA) avec sa troupe de romanichels: Michel Séguin et Robert Dethiers aux percussions, une violoniste, une autre guitare, Rob Roy à la basse et de vrais danseurs de flamenco avec castagnettes et talons. Au programme: des pièces comme Sunrise et Sundance, extraites de son nouveau compact à paraître dans trois semaines, mais aussi des pièces de son ami Paco et de Georges Bizet. Les classiques du soleil.

Boppin Blues Band
Le bruit commence à courir: le Cabaret du Saint-Sulpice, avec sa petite salle de cent cinquante places située tout en haut, au quatrième étage du bar du même nom, est une authentique trouvaille. Prenez le Boppin Blues Band, qui y jouait il y a deux semaines et qui y sera à nouveau le 19 avril dans le cadre du Medley Blues. Voilà un groupe qui se promène un peu partout en province depuis sept ans. Qui a joué devant des auditoires imposants. Qui a déjà quatre albums à son actif, dont le dernier, Happy Go Lucky, sorti il y a à peine un mois. Malgré la santé des organes vitaux, leur poussée n’a jamais vraiment traversé les ponts vers Montréal, eux qui tiennent résidence surtout en Estrie. Ils sont donc un peu hagards à l’idée de prouver leur existence sur le territoire blues convoité de Montréal. Dans l’espace restreint mais chaleureux de l’endroit, le Boppin Blues Band fait plus que l’affaire. Mais pour Mike Goudreau, guitariste multistyle et leader modeste, si le party est dans la place, pourquoi chercher ailleurs? «On nous fait plus de compliments sur les chansons du groupe que sur nos interprétations. C’est pourquoi j’ai choisi d’en inclure un maximum sur le dernier album. On va voir si ça marche. Si je trouve qu’on ressemble à Powder Blues? Mettons que je ne prends pas ça comme une insulte. C’est vrai qu’on aime ça, un blues simple, qui fait bouger, mais tu constateras que notre éventail est plutôt large, de confier Goudreau. Et le monde doit aimer ça, nous avons vendu toutes nos copies des deux premiers albums.» Happy Go Lucky sera en vente sur place. Faut surtout pas se gêner. Le 19 avril.