Polliwog : Rock-o-rama
Musique

Polliwog : Rock-o-rama

Pour la quatrième année consécutive, la plus importante tournée alternative québécoise (la seule?) fera rocker le parc Jeanne-Mance. Et plus que jamais.

Depuis le temps qu’on en parle, le Polliwog – le concours et la tournée de spectacles extérieurs – ne vous est plus étranger. Cela dit, on connaît moins celle qui se cache derrière cette organisation et les raisons qui l’ont amenée à promouvoir notre scène alternative et métal. «J’ai été D.J. pendant dix ans, explique Martyne Prévost, alors qu’elle se dirige vers Matane, première étape de la tournée extérieure du Polliwog. Je ne faisais jouer que du rock, et ce qu’il y avait sur les tablettes des magasins, en termes de québécois, c’était surtout de la chanson. Comme ce n’était pas ce que j’écoutais, j’achetais surtout de l’européen et de l’américain. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que si on n’encourageait pas notre scène alternative, les jeunes feraient comme moi: ils achèteraient seulement de la musique d’ailleurs au lieu de consommer les produits d’ici. Je me suis donc mise à le recherche de groupes québécois répondant à mes goûts, et j’ai rapidement réalisé qu’ils étaient nombreux», raconte la fondatrice des Disques MPV et des Productions MPL.

«La naissance du concours Polliwog coïncide avec l’incorporation de mes deux compagnies, en 1992, poursuit Martyne. Je me suis dit: "On va prendre les meilleurs groupes d’ici (choisis grâce au concours), et on va les amener sur la scène internationale, plus ouverte à ce genre de musique." Toutefois, dès la première année, on a constaté qu’au Québec, il y avait un intérêt énorme pour les groupes locaux. C’est pourquoi on a décidé d’organiser le Polliwog extérieur, qui en est à sa quatrième année.»

Groovy Aardvark
La tête d’affiche du festival, en plus d’être un jalon important de notre scène rock, est un habitué du Polliwog. «On a participé aux tournées de 96 et 97», confirme Vincent Peake, chanteur et bassiste de Groovy Aardvark. Cependant, cette année, la tournée marque un tournant majeur dans la carrière de la formation, puisque, après le festival, le guitariste Marc-André Thibert quitte le groupe, afin de s’occuper à temps plein de son studio Plante Verte. «La rumeur de son départ circule depuis environ un an et demi, avant l’enregistrement d’Oryctérope (lancé en 1998, sur la filiale Kafka des Disques MPV). À cette époque, après en avoir discuté ensemble, on avait décidé d’enregistrer un nouvel album, tout en sachant qu’il finirait par partir. M.-A. est copropriétaire du studio Plante Verte, et, au cours des dernières années, il y a consacré beaucoup d’énergie et d’argent. De plus, il a envie de se concentrer sur sa carrière de technicien de son.»

Afin de boucler la boucle, les gars ont décidé de profiter du festival pour enregistrer un album live, qui sera le témoin des années passées avec Marc-André. Donc, pour l’instant, le groupe se concentre là-dessus et n’a pas commencé les auditions pour trouver un nouveau guitariste. «En fait, il se peut qu’on continue en tant que trio», affirme Vincent, qui devient le seul membre fondateur du groupe. Est-ce qu’on peut s’attendre à des changements? «D’année en année, Groovy a toujours évolué musicalement, alors je ne pense pas que le départ de M.-A. va changer grand-chose. Peut-être qu’au niveau technique, ce sera différent, puisque c’est lui qui a réalisé nos trois albums (Eater’s Digest, Vacuum et Oryctérope) au studio Plante Verte. Je ne crois pas qu’on va enregistrer le quatrième là-bas: on va plutôt louer le matériel pour le faire nous-mêmes», lance-t-il. Ainsi, si on peut s’attendre à des changements dans les sonorités, le style de Groovy ne sera pas complètement différent puisque les principaux compositeurs du groupe, le guitariste Martin Dupuis et Vincent, sont toujours là – avec le batteur Pierre Koch – pour garder le fort.

Malgré les changements à venir, Vincent précise que pendant la tournée, les gars n’insisteront pas sur le fait que Marc-André s’en va. «Je ne veux pas en faire une grande sortie publique. Je veux que la transition se fasse naturellement. Le Polliwog est une très belle façon de terminer notre collaboration parce qu’il n’y a rien de plus cool, quand t’es dans un groupe, que de partir en tournée.» Le groupe accueillera quelques invités sur scène à Montréal (notamment Daniel Thonon, d’Ad Vielle que pourra, qui a joué de la vielle à roue sur Amphibiens), où aura lieu une partie de l’enregistrement du disque live, qui sera disponible fin octobre.

Cryptopsy
La portion musique extrême du Polliwog est assurée par Cryptopsy, le groupe métal québécois s’étant le plus illustré à l’étranger au cours des derniers mois. En effet, après avoir fait le tour de l’Amérique du Nord, et deux fois plutôt qu’une, à la suite du lancement de Whisper Supremacy en septembre 1998, le groupe a participé au Dynamo Open Air Festival de Hollande, et à une tournée de dix-sept spectacles qui les a conduits un peu partout en Europe. Sans oublier les concerts donnés à Tokyo, au Japon, les 27 et 28 juillet derniers. Après toutes ces émotions, Cryptopsy est content de rentrer à la maison.

«Le Polliwog extérieur représente une belle expérience nous permettant de jouer dans des villes qu’on n’a jamais visitées, notamment Rouyn-Noranda et Port-Cartier.

Ensuite, comme les styles musicaux présents au festival sont assez diversifiés, ça nous donne l’occasion de rejoindre un nouveau public», commente le batteur, Flo Mounier. Sans parler du fait que les gars aiment bien jouer dehors, une piqûre qu’ils ont attrapée lors du Dynamo. «On a adoré notre expérience pour de nombreuses raisons. C’était la première fois qu’on allait en Europe mais, surtout, les gens étaient très réceptifs à notre musique. On nous avait dit que le métal extrême n’était pas populaire en Europe, car les Européens préfèrent des styles plus mélodiques. Ce n’est pas ce qu’on a constaté», assure Flo. Un autre aspect non négligeable du Dynamo, c’est la qualité de l’organisation. «L’ambiance était très chaleureuse et amicale, comparée, par exemple, au Milwaukee Metalfest.»

Même constat pour ce qui est de la tournée (en compagnie de Nile, Six Feet Under, Enslaved et Vader) leur ayant permis de visiter huit pays européens. «La réaction des gens a été particulièrement bonne en France, peut-être parce qu’on parlait la même langue. Partout où on est passé, les gens tripaient vraiment sur Nile, Vader et nous, les trois groupes extrêmes de la tournée.»

Si Cryptopsy a été bien accueilli en Europe, ce fut encore mieux au Japon, où les membres – Flo, les guitaristes Jon Levasseur et Alex Auburn, le bassiste Éric Langlois et le chanteur Mike DiSalvo – ont été traités comme des stars. «On voyait qu’ils étaient vraiment dedans et qu’ils connaissaient nos trois albums», assure Flo. D’ailleurs, les gars ont été surpris de la réaction de leurs fans. «Les gens sont entrés dans la salle silencieusement. Mis à part un peu de musique jouant en sourdine, il n’y avait aucun bruit. Puis, quand on est monté sur scène, ils se sont mis à crier comme des malades, c’était impressionnant!» se rappelle-t-il.

Et ce n’est pas fini. Avant de prendre un repos bien mérité et de se mettre à la composition d’un quatrième album, le 17 septembre, Cryptopsy se rendra à New York afin de participer au showcase organisé chaque année par le CMJ (College Music Journal). «On a été invité parce qu’on était en deuxième position sur le palmarès des radios collégiales new-yorkaises, juste après le Psycho Circus de Kiss. Je suis très content de cette invitation, mais je ne sais pas à quoi m’attendre, même si l’occasion de jouer devant les médias est toujours très intéressante», assure Flo.

Le 14 août
Au parc Jeanne-Mance
Avec Bionic, Akuma, WD-40, Redcore, Oblik, etc.
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