Musique

Prise de son : Les belles relations

Jeudi dernier, à l’Olympia, on a fait une Fête formidable à Michel Rivard. Vraiment. Il faut dire que Rivard, avec sa personnalité et ses chansons, se prête bien à ce genre d’exercice où les relations amicales et simples entre artistes prédominent.

Le clou du spectacle, on le doit – encore une fois – à madame Diane Dufresne. Son interprétation de la magnifique chanson L’Oubli a fait au pire frissonner, au mieux pleurer les mille personnes présentes. Avec retenue, sobriété et émotion, Diane Dufresne a été simplement royale.

Et, croyez-moi, ce n’est pas que les autres participants à cette Fête n’étaient pas à la hauteur. Marc Déry a chanté Je suis un sacripant avec une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Rivard a l’époque où il a enregistré cette chanson. Michel Faubert a mis L’Inconnue du terminus à sa main. Lilison a traduit, adapté et bouleversé la méconnue Loup, y es-tu. Marie-Michèle Desrosiers a charmé avec Tu peux dormir. Sur des arrangements de Marie Bernard, on a eu droit à un superbe quatuor à cordes, dirigé par la violoniste Angèle Dubeau, pour La Valse de l’idiot et Un trou dans les nuages. Isabelle Boulay – c’est devenu une habitude… – a aussi très bien fait Schefferville. En fait, cette Fête était tellement réussie que même lorsque Michel Rivard a fait monter sur scène sa blonde et ses enfants, pas une seule fois on n’est tombé dans le pathétique. Un tour de force.

Mais, je le répète, tous ces invités ne seraient rien – ce soir-là – sans Rivard. Même si on ne sautait pas de joie dans la première partie (consacrée à des chansons moins roses du répertoire), on ne pouvait qu’admirer la qualité d’écriture de Rivard: simple, mélodique à souhait, sans prétention, diablement efficace, et ce, tout au long de sa carrière. Bien sûr, cette écriture évolue et Chinatown paraît un peu pâle à côté de L’Oubli, mais c’est aussi cette diversité de thèmes, de rythmes, cette façon de raconter des histoires pour ensuite raconter sa propre histoire qui fait la richesse de l’ouvre de Michel Rivard.

Juste au cas où quelqu’un l’aurait oublié, cette Fête était aussi là pour nous rappeler cette qualité d’auteur-compositeur de Rivard, mais sans le souligner trois fois au crayon feutre. C’était une preuve indéniable dans l’action. Et la plus belle de toutesles actions: chanter.

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Si Rivard accepte et assume son âge depuis toujours, on ne peut en dire autant de Jacques Higelin, qui était à l’Olympia vendredi dernier. Plus il vieillit (il aura 60 ans l’an prochain), plus il agit comme un adolescent. Plus il avance en âge, plus il parle de cul, et plus ça semble l’exciter de penser que ça peut choquer. Hé, Jacquot! On n’en est vraiment plus là…

Musicalement, voici cependant son spectacle le plus mûr. Accompagné par un percussionniste, un violoniste et un violoncelliste, Higelin visite tout son répertoire: de Vague à l’âme à Mona Lisa Klaxon et Cigarette, il n’a pas lésiné sur les vieux succès complètement réarrangés, réorchestrés. Et c’est encore lorsqu’il chante qu’Higelin est à son meilleur. Parce que lorsqu’il parle, il me fait penser à Plume: tellement pris dans son personnage qu’il ne semble y avoir aucune sortie de secours…

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Le groupe montréalais Overbass (au Spectrum, vendredi dernier) nous a certainement donné la prestation la plus rock de toutes ces parfois beaucoup trop sages Francos. Si le groupe a l’air plus soudé que jamais, plus solidaire, c’est peut-être aussi que Shantal Arroyo, la chanteuse, assume désormais son leadership sur scène, alors que Joel est certainement le maître d’ouvre en studio.

L’avantage d’Overbass, c’est qu’il s’agit d’un groupe à plusieurs vitesses. Il peut sombrer dans le hardcore aussi facilement et avec autant de plaisir qu’il trempe son pain dans la musique latine. Et puis, à regarder le concert, je me disais: tiens, ce n’est pas parce qu’on est alternatif et indépendant que l’on doit obligatoirement avoir l’air bête. Le sourire peut aussi faire partie de cet imaginaire…

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Quelques notes en vrac…

Projet: Orange, le gagnant de la dernière édition de L’Empire des futures stars, est très influencé par Radiohead, c’est une évidence. Le problème, c’est que le groupe n’a pas retenu l’essentiel des Britanniques: l’intensité. On ne peut simplement pas chanter ce genre de chansons en ayant l’air de ne pas y toucher.

Jean Leloup, très en forme, a été électrique et extatique. Un de ses très bons concerts de cette tournée, dans un Spectrum bondé et bouillant.

Gros Mené mérite le titre du groupe le plus bruyant des FrancoFolies. Loin de se prendre au sérieux, le trio a cependant une réelle maîtrise de ses chansons. Et je persiste à aimer Ski-doo et Gros Mené, la chanson.

Youssou N’Dour nous a prouvé, samedi soir, non seulement qu’il était un chanteur surdoué, mais également un mélodiste hors pair. On oublie parfois qu’il est derrière l’une des plus belles chansons des dernières années: Seven Seconds.
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