Mass Hysteria : Vindicatif présent
Musique

Mass Hysteria : Vindicatif présent

La fusion, en France, ne se rend toujours pas. Au contraire, ceux qui la font s’améliorent constamment et trouvent au Québec un public réceptif. Bienvenue chez vous!

Peut-on parler de respect? Et plus particulièrement du respect des fans? Cette semaine, deux groupes français nous visitent. Le premier, Louise Attaque, confortablement assis sur ses lauriers grâce au million d’albums vendus en France et aux trois soirs complets au Medley, ne daigne même pas décrocher le téléphone pour répondre à nos questions, donc, un peu les vôtres.

Le deuxième, Mass Hysteria, a tout fait et fait encore tout pour nous accommoder. Bien sûr, il n’a pas le grand public de Louise Attaque, mais les fans des Mass sont fidèles et leurs rangs continuent à grossir, lentement mais sûrement. «Ce qui est bien, c’est que ça se passe chez vous comme ça se déroule en France: les gens viennent et reviennent», affirme Raphaël, le batteur de la formation. À son quatrième passage en sol québécois, le groupe débarque cette fois avec Contraddiction, son deuxième véritable album (toujours disponible ici sur Indica, le label de GrimSkunk), réalisé par Colin Richardson, maître en matière sonore lourde.

Contraddiction ramène un peu les pendules à l’heure. Après un premier album à petit budget et à faible réalisation, et un mini-album enregistré en concert (au Spectrum, quand même…), Contraddiction nous prouve que si Mass Hysteria a toujours été d’agréable fréquentation sur scène, il peut aussi (pour peu que vous aimiez vous faire brasser…) devenir une bonne bête de salon. C’est la grande réussite de Contraddiction: faire entrer Mass Hysteria dans les chaumières. «On n’a jamais été satisfaits de la production du premier album, poursuit Raphaël. Ça ne donnait pas une idée juste de ce que nous étions comme groupe. Le son était un peu faible, et l’enregistrement s’était fait rapidement. L’album est plus en accord avec ce que l’on est sur scène. Et, parallèlement, on a fouillé les compositions davantage.»

Parce que malgré sa lourdeur, la musique, beaucoup grâce à la réalisation de Richardson, a été bien sablée, bien polie, mise à niveau. Cependant, pas de grandes rénovations, on donne toujours dans la fusion, on mélange allègrement guitare métal et rythmique électronique, les propos sont toujours aussi vindicatifs, tout en gardant le côté positif qui a longtemps démarqué Mass Hysteria de ses compères du genre: Lofofora, Oneyed Jack, etc.

Les ajustements se font donc en douceur. Mouss, gueulard attitré, chante de plus en plus, sa voix devenant davantage mélodique (voir Attracteurs étranges, Le plus juste effet (Irie), etc.). ?«Chanter est vraiment quelque chose qui lui tenait à coeur, enchaîne Raphaël. Sur le premier album, il n’avait eu que trois jours pour enregistrer sa voix. C’était quand même un petit peu bâclé, il faut bien le dire. C’était donc plus parlé que chanté. Sur le deuxième, il voulait montrer qu’il savait chanter, et on l’a poussé dans cette direction.» Et si les guitares (tenues par Erwan et Yann) trônent bien à l’avant, la section rythmique (Stephan à la basse, Raphaël à la batterie et Overload System aux machines) s’impose comme l’une des plus solides et des plus hargneuses de la scène rock française. «Je crois qu’on a effectivement trouvé un bon équilibre. Même s’il y a beaucoup plus d’échantillonnages et plus de guitares, chacun trouve sa place. C’est donc une question de réalisation, de mixage.»

«Le fait que Colin Richardson soit anglophone et ne comprenne pas le français a peut-être été un avantage puisqu’il a vraiment considéré la voix comme un instrument à part entière. Il a parfaitement compris l’esprit Mass Hysteria, même s’il ne parle pas un mot de français. De toute façon, j’espère qu’un jour la langue ne sera plus une barrière, parce qu’en musique, il ne devrait pas y avoir de barrières. Je crois que maintenant les groupes francophones n’ont pas à rougir devant les groupes américains ou anglais. Si un morceau est bon, qu’il soit espagnol, turc, anglais ou français, il demeure bon.» Et ceux de Mass Hysteria, ils sont vraiment bons.

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