Musique

Michael Rose : La panthère noire

À l’époque où Michael Rose devait gagner sa pitance en chantant lors des soirées pour touristes de la Côte-Nord de la Jamaïque, tout ce qu’il souhaitait, c’était de pouvoir un jour interpréter ses propres chansons, accompagné du groupe de son choix. Presque trente ans et des milliers de kilomètres plus tard, le chanteur, à qui l’on attribue la naissance du style vocal «Far East» – arabisant et dans des tonalités mineures -, armé d’une réputation internationale fort enviable (surtout grâce à sa participation à la formation culte Black Uhuru, accompagnée de Sly & Robbie, pressentie comme la digne succession de Bob Marley & The Wailers vers la fin des années soixante-dix), passe presque tout son temps en tournée mondiale, prenant une semaine de congé ici et là, histoire de renouer avec la vie de studio et d’alimenter une discographie qui s’est faite plutôt sporadique depuis quelques années, pour cette même raison.

«Lorsque je peux prendre congé d’une tournée, j’aime entrer en studio pour enregistrer quelques chansons. Puisqu’on ne veut pas toujours avoir à se fier à quelqu’un, j’ai récemment commencé à m’autoproduire en Floride, accompagné par Fully (Fullwood) et le Soul Syndicate Band, le groupe avec qui je suis présentement en tournée».

La formation mythique, toujours composée de son leader, le grand prêtre de la guitare reggae Earl Chinna Smith, de Fully Fullwood, de Tony Chin et de Santa Davis accompagnait déjà Michael Rose à ses débuts vers 1972, sur des réalisations de Niney The Observer et de Prince Jammys. Rose n’en est pas à ses premières armes comme réalisateur: il y a quelques mois, en France, il fut invité à travailler avec le duo Raggasonic, un projet depuis certifié disque d’or. Le natif de la région de Waterhouse (Kingston 12) présente un son propre aux artistes de ce quartier où s’est établi le fameux studio de Lloyd James (Jammys), son mentor. «En fait, ils essayaient tous de chanter comme moi, affirme-t-il sans fausse modestie. Quand tu idolâtres quelqu’un en Jamaïque, c’est lui rendre hommage que de calquer son style.»

Michael Rose n’a jamais eu peur de sortir des sentiers battus pour faire évoluer sa carrière et pour aider la diffusion du message, qu’il considère comme toujours à l’avant-plan de la musique: «La raison d’être du reggae est de libérer l’esprit des gens; il doit continuer de fleurir aux quatre coins du monde. On n’en fait jamais assez: les gens oublient facilement, et on doit leur rappeler souvent le même message», avance-t-il. Après son passage au sein d’Uhuru, il tenta une incursion pop-soul, essayant de s’infiltrer dans les cercles musicaux urbains, pour enfin revenir vers la production de singles locaux, ce qui lui sied mieux.

«Quand je ne réalise pas mes propres chansons, je préfère de loin travailler avec Sly et Robbie, mais personne ne rajeunit, et on doit un jour prendre nos choses en main», ajoute-t-il, se rappelant sûrement ses interprétations de Yellow Bird, The Banana Boat Song et de Shame and Scandal…

Le 13 septembre
Avec Andrew Tosh
Au Studio
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