Musique

Reset : Limite de vitesse

Il y a déjà deux ans et demi, la jeune formation punk-rock Reset sortait son premier disque, No Worries. À l’époque, le buzz entourant le courant punk était à son apogée, et le quartette a été propulsé assez rapidement dans la cour des grands, cumulant les concerts et les tournées en première partie de groupes comme Ten Foot Pole, Face to Face ou Pennywise. Pourtant, dès novembre 98, les choses se bousculent et les esprits s’échauffent. Chuck, le batteur et porte-parole du groupe, quitte ses compères dans une ambiance de frustration, et le bassiste Jean-Sébastien décide de poursuivre ses études en médecine vétérinaire. Histoire de reformer un noyau solide, les deux membres restants, le chanteur Pierre et le guitariste Phil, recrutent un nouveau batteur, Adrian (ex-musicien de tournée de Front Line Assembly), qui quitte Vancouver pour se joindre à Reset, et Pierre hérite de la basse.

Attablés devant le magnétophone, Pierre et Phil (maintenant respectivement âgés de 20 et 21 ans) hésitent à entrer dans les détails de leur séparation professionnelle d’avec Chuck. De toute façon, sur leur deuxième album, intitulé No Limits, une chanson (Friend) lui est clairement adressée en forme de règlement de compte. «Cette chanson est directement reliée aux conflits qu’on a eus avec Chuck, avoue Pierre. Je l’ai écrite sous l’impulsion, c’est pour ça qu’elle est quand même assez raide. On s’est vraiment détestés pendant un bout de temps; mais depuis, on s’est reparlé et on est redevenu des amis. Mais j’ai pas écrit cette toune-là pour que le monde comprenne ma frustration; c’était pour me permettre de sortir ce que je ruminais dans mon coin, pour ne plus avoir à y penser. Mais c’est sûr que maintenant il faut que je vive avec… C’est pour ça que c’est important de comprendre qu’elle représente une période bien précise et que ça s’est arrangé depuis.»

Disons-le d’emblée, No Limits est un disque supérieur à son prédécesseur sur le plan musical. Plus varié, plus mélodique, moins «matraquant», mais aussi plus personnel au niveau des textes. «Le premier album, explique Pierre, c’était plus comme une suite de reportages. Les douze chansons étaient plus ou moins reliées à la politique. J’ai eu l’impression d’avoir dit tout ce que j’avais à dire sur les choses qui me font chier en politique. Et il faut dire qu’à l’adolescence, t’es frustré des choses qui se passent autour de toi; alors que maintenant on pense plus à comment ces choses nous affectent personnellement. No Limits, c’est ce qu’on vit au jour le jour! Et musicalement, la grosse différence d’avec No Worries, c’est qu’on avait une vue d’ensemble des pièces. C’était pas seulement un instrument après l’autre, on savait où on s’en allait. L’expérience de studio d’Adrian nous a beaucoup aidés pour ça.»

Si les choses se sont arrangées au sein du groupe, et même si l’album s’intitule No Limits, il semble que l’ouragan punk, s’il n’est pas complètement épuisé, s’est à tout le moins transformé en tempête tropicale. Est-ce que les gars de Reset ont moins d’illusions sur leur potentiel de succès, maintenant que la popularité du punk semble avoir plafonné? «Y a peut-être moins d’intérêt qu’il y a deux ans pour tout ce qui concerne le punk-rock, répond Phil, mais dans les faits, les groupes qui travaillent fort et qui restent authentiques et originaux, comme Lagwagon, par exemple, eux, ils vont rester. Il ne faut pas se soucier de la hype; il faut faire les choses pour soi, développer son propre son, et si les gens aiment ça, tant mieux! Et la prochaine étape, c’est d’ouvrir nos horizons, sortir du Canada…»

Le 24 septembre
Au Spectrum
Avec Men `O’ Steel, Subb et invités
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