I Mother Earth : Sans ego
Musique

I Mother Earth : Sans ego

L’arrivée du chanteur Brian Byrne au sein de la formation torontoise I Mother Earth a revitalisé le groupe, lui apportant une énergie nouvelle. C’est ce qu’on peut lire dans la biographie du quartette et entendre sur leur troisième album, Blue Green Orange, pas tellement différent de ses prédécesseurs (Dig, 1993, et Scenery & Fish, 1996), mais plus coloré, comme l’indique son titre. «C’est l’influence de Ricky Martin, plaisante Brian en faisant référence aux sonorités latines de la pièce Cloud Pump. Je m’excuse, elle était trop facile, celle-là!» Le guitariste Jagori Tanna poursuit: «Dès le moment où l’on commence à jouer d’un instrument, les influences sont là. Toutefois, plus on vieillit et compose, plus elles se raffinent. Ce n’est pas comme si on avait intentionnellement choisi d’exposer nos influences africaines, brésiliennes et latines sur Blue Green Orange. C’est juste qu’on en est rendus là. On a chacun notre style et nos goûts, et voici le résultat de notre travail commun», explique le guitariste.

En fait, Jagori et Brian (le groupe compte également le batteur et frère de Jagori, Christian Tanna et le bassiste Bruce Gordon) se considèrent comme réellement privilégiés d’apprécier différents genres musicaux: «Cela nous permet d’éviter la monotonie», assurent-ils. D’autre part, ils aiment bien prolonger le plaisir de leurs fans. «Les compacts ne sont plus donnés, c’est pourquoi on voulait enregistrer un long album(Blue Green Orange dure près de soixante-quatre minutes). Ainsi, les amateurs peuvent le découvrir à leur rythme. D’ailleurs, on est conscients que ce n’est pas un disque facile. Le premier extrait, Summertime in the Void, est probablement le morceau le plus accessible», reconnaît Jagori.

Comme pour les albums précédents, le guitariste a endossé les rôles de producteur et meneur de troupe, lorsque le moment est venu d’entrer dans le studio que I Mother Earth possède à Toronto, le Stigsound (pour ce qui est de la batterie, elle a été enregistrée au studio Morin-Heights). «Si je n’avais rien à offrir au groupe, je ne m’improviserais pas producteur. Même chose si les gars ne me croyaient pas capable d’assumer ce rôle. C’est difficile à expliquer, mais je crois que je les connais suffisamment pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes», estime Jagori. Il a toutefois été secondé par le producteur Paul Northfield (Scenery & Fish, Rush) et David Bottrill (Tool, Peter Gabriel) au mixage final. «Avec l’expérience, il a atteint un certain équilibre entre l’ange et le démon», plaisante Brian. Jagori enchaîne: «Lors des deux premiers disques, disons que j’étais très difficile et tyrannique, pour ne pas dire asshole…! Mais à l’époque, la situation était très tendue. Aujourd’hui, j’apprends à obtenir ce que je veux en parlant avec les gars et non en leur criant après.»

Soyons clair, lorsqu’il parle de «situation tendue», Jagori fait référence à la présence d’Edwin, qui a quitté le groupe après la tournée Edgefest 1997. «Je crois que nos albums respectifs (Edwin a lancé Another Spin Around the Sun, cet été ) sont la démonstration évidente de l’écart qui existait entre nous. Edwin m’a toujours reproché d’avoir trop de contrôle sur le groupe.» Pour résumer une longue histoire, c’était surtout une affaire d’ego. «I Mother Earth, ce n’est pas un chanteur et son groupe, c’est un groupe, tout simplement. On compose ensemble et, à la fin de la journée, peu importe qui a eu telle ou telle idée de génie, elle appartient au groupe», conclut Jagori.

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