Musique

Live à Montréal : Scanner et Tonne

Le 16 octobre, au Média Lounge
Un beau casse-tête que cette performance du Britannique Scanner, artiste réputé de l’avant-garde électronique, et de son compère Tonne, samedi dernier, au Média Lounge. Le spectacle était intitulé Sound Polaroids 2: Remapping the Hidden Sounds of the City, et devait questionner les relations entre le son et l’image dans leur contexte urbain. Voici d’ailleurs, en résumé, ce que Scanner nous promettait, en entrevue, dans le journal de la semaine dernière: «Je vais utiliser les sons et l’architecture de Montréal pour permettre aux gens d’écouter et de regarder leur ville d’une nouvelle façon. D’un côté, j’utilise les images et les sons réels de la ville; et de l’autre, je transforme ces images en sons à l’aide d’un logiciel.»

Ce que cette performance nous a au moins prouvé, c’est qu’entre la théorie et la pratique, il y a souvent un monde de différence. Avec un tel programme (expérimental au possible), on aurait pu s’attendre à ce que le duo s’organise pour bien nous faire comprendre ce qui se passait autant sur scène que sur le grand écran qui les surplombait. Le tout avait pourtant bien débuté, Scanner faisant référence à ses premières expériences sonores à l’aide d’un balayeur d’ondes, transformant le public attentif du Média Lounge en intrus dans une conversation téléphonique captée en direct. L’homme et la femme qui discutaient des services automatisés des Caisses pop n’auraient jamais pu deviner que quelques centaines de personnes espionnaient leur conversation! D’un voyeurisme jouissif!

C’est par la suite que la confusion s’est installée: à l’écran, on nous présentait ni plus ni moins que des séquences préparées par Tonne qui était censé manipuler sons et images, pour influencer la musique que Scanner concoctait à ses côtés, et vice-versa. Le problème, c’est que rien dans toutes ces interactions n’était réellement identifiable. Ce qu’on voyait à l’écran avait-il vraiment un impact sur ce que l’on entendait? Pas évident… Et surtout très répétitif. Il restait au moins la musique, intense et variée, pour nous tenir en éveil. Mais pour le côté ludique et l’expérience concluante, on repassera… (Eric Parazelli)

Melissa Etheridge
Le 14 octobre au Centre Molson
Pas de première partie, pas d’entracte et deux heures et demie de musique. En résumé, c’est ce à quoi nous avons eu droit, jeudi dernier. Melissa Etheridge, qui, avec la régularité d’un métronome, passe par Montréal depuis douze ans, semblait (à nouveau) visiblement ravie de renouer avec son public. Et ces noeuds, force est de le constater, n’ont jamais été lâches. Montréal adore Melissa et vice-versa.

Appuyée par quatre musiciens (le batteur Kenny Aronoff est une pieuvre discrète), la chanteuse au timbre rauque ne mise que sur ses chansons. Parce que côté éclairages, on se serait cru au Quai des brumes. Le strict minimum. Le même follow spot du début à la fin. Aucune nuance. Idem pour le rideau derrière le batteur. Plus drabe que ça… Pour en finir avec l’esthétique, disons que la rockeuse du Kansas n’a pas à porter des fringues aussi moches pour nous prouver qu’elle est restée simple: faut-il absolument faire rimer Midwest avec bottes de cow-boy? Formule.

Heureusement, il y avait les chansons. Et le charisme. Et le contact avec l’auditoire. Et la passion: l’amour chanté avec une cruelle honnêteté. Le mordant: à chaque fin de couplet ou à chaque riff, Etheridge donne tout. C’est ça, performer, se livrer à ses fans. Au menu: un kaléidoscope convenu de tous ses succès, le set acoustique du milieu de concert, les nouvelles chansons, plus posées, de Breakdown, toutes saluées par une salve d’applaudissements.

Beaucoup d’émotion donc, pour des chansons qui vous atteignent et qui vous arrachent le coeur. Jeudi dernier, Etheridge aura été fidèle à elle-même. Intègre. Sans déroger au plan initial: être à la fois Janis Joplin et Bruce Springsteen. La générosité sans bornes. (Claude Côté)