Magali Babin-Sylvie Chenard : Métal précieux
Musique

Magali Babin-Sylvie Chenard : Métal précieux

Deux filles, deux guitares, et beaucoup de liberté. S’il fallait en peu de mots résumer le spectacle que présenteront Magali Babin et Sylvie Chenard, au Théâtre La Chapelle, cette semaine, on s’en tiendrait à cette brève description. Comme il s’agit d’une musique libre et improvisée, tenter de la circonscrire serait un exercice casse-cou.

De toute manière, le seul titre de ce concert, Ma guitare, ma muse, est plein de promesses: on y sent une sorte d’hommage tordu à l’instrument à six cordes, mais aussi une proposition ludique. «C’est un jeu, mais avec une certaine démarche esthétique et intellectuelle; on espère pouvoir évoquer des images chez le spectateur à travers l’improvisation», explique Sylvie Chenard.

D’après les deux protagonistes de l’événement, il s’agirait en quelque sorte de garder une absolue spontanéité, mais dans un cadre de recherche sonore. Pour Magali Babin, l’improvisation et l’exploration semblent être deux avenues naturelles, puisqu’elle a toujours refusé d’adhérer à une approche traditionnelle de son instrument. À l’époque où elle jouait dans le girl band Nitroglycérine, plusieurs observateurs, la plupart du temps masculins, lui ont d’ailleurs suggéré de prendre des cours avant d’oser se montrer à nouveau sur scène. Aujourd’hui, elle refuse toujours les conventions, qu’elles soient du domaine de la musique pop ou des standards académiques. «Je suis autodidacte, et je n’ai jamais voulu apprendre à jouer de la guitare, affirme Magali. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai: j’ai déjà essayé de prendre des cours, mais ça m’a tellement écoeurée que j’ai presque perdu l’envie de jouer. Ça fait quinze ans que je joue de la guitare, et je ne connais toujours aucun accord ni aucune note; c’est ça, mon outil premier: la non-connaissance.»

De récentes explorations musicales, en compagnie de Christof Migone et Alexandre St-Onge, ont confirmé sa passion pour l’approche bruitiste, qu’elle compte utiliser à fond lors de sa rencontre sur scène avec Sylvie. «Pour moi, les pick-ups, l’ampli, le bruit de fond sont tous des éléments qui sont plus importants que les cordes elles-mêmes.

Transformer la guitare au point de ne plus reconnaître le son de la guitare, c’est ça mon but. Je suis une fanatique du métal, et je suis toujours en train de ramasser des objets dont je peux me servir musicalement.»

Dans le concert qu’elle présentera au TLC, Magali fera chanter quelques-uns de ses objets fétiches du moment, dont un pied de lampe et une baleine de parapluie. Une proposition assez industrielle, qui risque d’être tempérée de temps à autre par l’apport plus lyrique de Sylvie Chenard, qui travaille avec la voix et dont les projets personnels (dont l’impressionnant CD triple Hybride) proposent souvent des rencontres avec des écrivains et des poètes. «C’est vrai, mais j’ai développé un langage spécialisé pour échanger avec Magali; je vais travailler avec ma voix, mais il y aura tellement d’effets dessus qu’elle sera presque méconnaissable.»

Ont-elles des rôles spécifiques, des approches complémentaires? La question est accueillie avec un sourire. «On travaille les boucles et les bruits toutes les deux, mais Magali a un langage plus industriel et moi un langage plus…» Organique? «Oui, organique, ça m’arrange comme description…» Elles ont beau manier le même instrument, la dichotomie entre les deux musiciennes semble évidente: lorsque Magali discute de pièces de métal rouillé, Sylvie évoque les chants de baleines. Dans les étincelles qui risquent de jaillir de leur rencontre, on pourrait voir apparaître un autre genre de musique métal.

Le 27 octobre
Au Théâtre La Chapelle
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