Jon Ascensio : Pongiste
Musique

Jon Ascensio : Pongiste

Si vous avez environ trente ans, vous vous souvenez sûrement avec nostalgie du Pong, l’ancêtre de tous les Nintendo et autres Playstation, compagnons de jeux de tous les jeunes d’aujourd’hui. Comparé aux performances ahurissantes des nouvelles consoles, ce primitif jeu de tennis en noir et blanc n’a rien de bien impressionnant, mais pour toute une génération, il représente l’une des plus formidables révolutions technologiques qui soient. Aussi difficile à croire que cela puisse paraître, le Pong fête cette année son vingt-cinquième anniversaire, une raison comme une autre de lui consacrer une composition musicale. C’est ce qu’a fait Jon Ascensio, qui propose une oeuvre tout simplement nommée Pong dans la série Les Inédits, présentée cette semaine au Théâtre La Chapelle. «Je n’insiste pas sur le côté anniversaire de la chose, mais il est clair qu’il y a une certaine nostalgie dans cette oeuvre, explique le compositeur. J’ai toujours voulu un Pong quand j’étais jeune, mais j’ai dû me contenter de jouer chez mon meilleur ami, qui, contrairement à moi, avait toujours les derniers gadgets. J’ai l’impression d’avoir été privé durant ma jeunesse, mais aujourd’hui je compense, puisque j’en possède quatre.»

Ces quatre Pong, Jon les a trouvés auprès de collectionneurs sur le Net. «Il y a une communauté underground d’accros du Pong et des autres jeux de cette époque; je possède d’ailleurs des consoles Atari 2600 et Intellivision. Peut-être que je les utiliserai un jour, et que ma musique évoluera jusqu’à Space Invaders ou à Pac Man.» Les quatre machines en question forment la base de la musique qui sera présentée lors de cette soirée inédite. Fan de John Cage, Ascensio parle en riant d’une oeuvre pour «Pong préparé», puisque tous les bruits émis par les machines seront modifiés, torturés et traités électroniquement. «Il n’y a aucun son humain ou acoustique dans la pièce, seulement les bruits du jeu et quelques échantillonnages qui passent au travers de vieux claviers. Même les échantillonnages ont des sources strictement électroniques. Ceci dit, je ne pense pas que le résultat sera froid; un élément de plaisir dans l’oeuvre lui donne un côté organique.»

Il faut dire qu’Ascensio, que l’on connaît aussi comme membre du groupe Pest 5000 (avec qui il vient de terminer l’enregistrement d’un nouvel album), n’est pas issu du milieu de l’électroacoustique et qu’il n’exclut pas de son travail la notion de plaisir et de légèreté. Mais il s’agit quand même d’une musique expérimentale: d’ailleurs, un autre des éléments chers à Cage, et qu’Ascensio entend exploiter, est la notion de hasard. Lors de la première partie du spectacle, les spectateurs seront incités à jouer sur les consoles, donnant ainsi un rythme aléatoire à l’oeuvre. «Le début est très improvisé et ressemble à une installation, explique Jon. Je veux que les gens s’approchent et voient les fils et les machines parce que je pense que l’élément visuel est très important.» La deuxième partie se veut plus «noise», mais aussi très ambiante à la fois, tandis que la troisième est faite de pièces plus structurées, plus pop même. Une véritable symphonie vidéo-ludique en perspective.

Le 29 octobre
Au Théâtre La Chapelle
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