Fred Poulet : Poulet Chasseur
Musique

Fred Poulet : Poulet Chasseur

Un nom comme ça, ça ne s’invente pas. Et lorsqu’on s’appelle Fred Poulet, on a intérêt à en faire quelque chose, autrement on risque la névrose. «En fait, ce nom, je suis né avec. Mais il y a un jour où il faut se lever et l’assumer», déclare ce drôle d’oiseau pince-sans-rire. Faux naïf à l’humour noir et au verbe agile, cousin spirituel de Bashung (en plus, ils sont Alsaciens tous les deux), Poulet s’est mis à chanter après avoir tâté de la guitare dans un groupe punk. Un jour, il se lasse d’écrire des paroles pour un autre et prend le micro. «Je suis devenu chanteur par nécessité, lorsque j’ai envisagé de m’assumer comme non-chanteur.» Poulet n’en est pas à un paradoxe près: dans le même ordre d’idées, c’est à partir du moment où il a décidé de devenir artiste solo qu’il s’est découvert un vrai groupe, puisque ses comparses des débuts, Arnaud Dieterlen et Alice Botte (je vous jure!), l’accompagnent toujours aujourd’hui.

Ce n’est pas pour rien que cet homme atypique, chanteur dilettante et peintre accompli, s’est retrouvé chez Saravah, le label de Pierre Barouh, dont la devise, magnifique, est «il y a des années où on a envie de rien faire». «Lors de notre première rencontre, il m’a reçu dans sa cuisine, où il y avait une petite affiche qui disait: "La maison accepte les chèques"; lorsque j’ai vu ça, j’ai tout de suite senti qu’il se passerait quelque chose avec lui.» Ce qui s’est passé, ce sont deux albums au charme brouillon (Mes plus grands succès et Encore Cédé), malheureusement inconnus ici, mais dont le dernier aura généré un pseudo-hit hexagonal (Walking Indurain, géniale allégorie cycliste).

Un peu plus tôt cette année, Poulet remettait ça avec Dix ans de peinture…, probablement le plus sombre et le plus accompli de tous ses disques. Les jeux de mots y abondent toujours, mais la musique a pris du coffre et gagné en texture. «C’est Barouh qui m’a suggéré de rajouter les trois points de suspension, en me disant que ça n’était probablement pas fini. Il n’a pas tort, au fond, parce que pour moi, les deux marchent ensemble. J’ai toujours gagné avec la peinture les sous que je perdais en faisant de la musique, et les sous que j’ai faits avec la musique, c’était grâce à la peinture.» Pour réaliser cette jolie fresque, Poulet s’est entouré de coloristes de talent, à commencer par Rodolphe Burger, et de Kat Onoma, dont l’exemplaire travail de réalisation donne des ailes aux compositions de Dix ans de
peinture… Maintenant, place au vernissage.

Le 11 novembre
Au Cabaret
Avec Pierre Flynn
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