Trémolo : Fleur carnivore
Musique

Trémolo : Fleur carnivore

«Faisons l’amour aux fleurs, tant qu’il en reste encore.» Ce petit bout de texte tiré de la pièce-titre de leur premier album complet, Faites l’amour aux fleurs, représente assez bien l’esprit qui anime les chansons aigres-douces de la formation électro-pop alternative francophone Trémolo, l’un des secrets les mieux gardés de la scène locale. Il y a chez Trémolo ce savant mélange de naïveté et de lucidité, de fatalisme et d’espoir, qui donne à leurs chansons cette petite touche acidulée. Celle qui fait que, malgré l’enrobage sucré, le noyau de leurs bonbons pop laisse un léger picotement sur la langue. Juste assez pour nous convaincre du côté subversif de leurs chansons. «De plus en plus, les gens ont peur d’être émotifs et sensibles à la beauté des choses, explique Pierre-Alexandre Lubrique, chanteur, guitariste et auteur des textes de la formation. Tout est devenu banal… Pourtant, la poésie et la naïveté peuvent aussi être subversives. Le texte de Faites l’amour aux fleurs, c’est le plus naïf mais c’est aussi le plus subversif: pendant que tout le monde se pend dans leurs bureaux, prenez la clé des champs et faites l’amour aux fleurs! Au figuré, bien sûr… Faites l’amour aux filles, masturbez-vous dans les champs, faites ce que vous voulez, mais prenez une pause, regardez ce qui se passe autour!»

Pendant que Fred Filo, cofondateur de Trémolo et guitariste du quintette, me racontait leurs premiers jams au Saguenay alors que lui tripait métal et que P.-A. ne jurait que par les Cure ou les Smiths – «C’est moi qui l’ai aidé à retrouver le droit chemin!» rigole Pierre-Alexandre -, je me suis rendu compte assez rapidement que les influences new-wave qu’on leur prête, à cause de leur utilisation de sons de synthé vaguement eighties, sont peut-être erronées. «Moi je l’sais même pas ce que c’est, le new-wave, s’exclame Fred. C’était quelle époque exactement?» «C’était fin 70, début 80», répond P.-A, avant de tenter d’éclairer ma lanterne: «On a été gavés de vidéoclips, j’imagine que c’est ce qui a fait qu’on a assimilé toutes sortes d’influences. Les clips d’Indochine mélangés aux disques d’Harmonium de mon père, c’est certain que ça marque. Tu bouffes plein de trucs, plein d’accords et toutes sortes de musiques, pis après tu chies, pis ça donne ce que ça donne! Notre disque, dans le fond, c’est comme une merde, c’est le produit d’une digestion.» Prochaine dégustation sonore, le 10 octobre, au Lion d’or, en première partie de Miossec.

Le 10 octobre
Au Lion d’or
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