Les Rythmes Digitales : Crise d'identité
Musique

Les Rythmes Digitales : Crise d’identité

Vous avez bien lu: Les Rythmes Digitales et non pas "digitaux". Et, en plus, c’est une erreur faite de façon délibérée… Ce genre d’accord n’est pas plus français que celui qui se cache derrière le pseudonyme Jacques Lu Cont. En fait, Stuart Price (c’est son vrai nom) est bel et bien né de façon prématurée à Paris, mais il n’y est resté que quelques jours, puisque ses parents, des musiciens classiques vivant à Reading, en Angleterre, étaient en vacances dans la Ville lumière. Mais Jacques Lu Cont n’en est pas à un paradoxe près. Dès que l’on met son album Darkdancer dans le lecteur CD, on se croirait transporté dans les années 80, avec ses synthés new-wave, sa sensibilité house-disco et électro-pop, et même la présence de deux figures mythiques de cette période célébrée par les uns et lapidée par les autres: Nick Kershaw (Wouldn’t It Be Good) et Shannon (Let The Music Play), invités sans même une once d’ironie à collaborer sur deux pièces. Et le pire, c’est que ça marche!
«Cet album, je l’ai pris comme un défi, explique le faux-French de 22 ans, à l’autre bout du fil. Je me suis dit que si j’arrivais à faire un album qui démontre pourquoi j’aime la musique des années 80, tout en lui donnant un enrobage très 1999; pour moi, ça serait beaucoup plus gratifiant que si j’avais fait un autre de ces albums Big Beat. J’aurais pu faire un disque à la Fatboy Slim, mais le seul résultat que cela aurait donné, c’est que dans dix ans, les gens se seraient souvenus de Fatboy Slim et pas de moi… Si j’essaie de ne ressembler à personne d’autre, les gens vont beaucoup plus me respecter. Tout ce que fais musicalement, je le juge en fonction de ce que je vais en penser dans dix ans. Et je crois que je serai encore fier de Darkdancer dans dix ans.»

Lui, peut-être; mais ses parents, eux, on peut en douter… Pendant une bonne partie de son enfance, ils lui ont tout simplement défendu d’écouter de la musique pop: «Ils croyaient que la musique pop rendait stupide et ils ne me laissaient pas en écouter. Ce n’est qu’après quelque temps passé dans une clinique psychiatrique, après que j’eus fait une dépression à l’âge de douze, qu’ils se sont dit: "O.K. on devrait peut-être le laisser tranquille…" Alors ils m’ont finalement laissé en écouter. Mais ils détestent toujours ce que je fais! Bien sûr, ils sont contents pour moi, parce que je fais des disques, je voyage, je fais des concerts; mais ils souhaitent toujours que je fasse de la "vraie" musique…»

Vraie musique ou pas, on ne peut pas reprocher à Jacques Lu Cont de ne pas faire de vrais concerts. Sur la minuscule scène du Jingxi, le 14 novembre (une bonne destination après le spectacle des Pet Shop Boys, question de rester dans l’esprit…), ils seront trois à manipuler claviers, guitare-clavier, basse et batterie électronique. Et si les plus vieux vont sans doute ressentir une certaine nostalgie, les plus jeunes, eux, n’y verront que du feu: «C’est drôle, parce que la plupart des jeunes qui viennent me voir me disent qu’ils tripent vraiment sur ma musique et qu’ils la trouvent cool, termine le musicien aux cheveux rouges. Mais lorsque je leur mentionne quelque chose en rapport avec les années 80, ils me répondent qu’ils n’en savent rien puisqu’ils n’étaient même pas nés en 85! Mais c’est encore plus gratifiant de voir que des gens qui ne connaissent pas mes références peuvent quand même apprécier ma musique.»

Le 14 novembre
Au Jingxi
Voir calendrier Rock & Pop