Musique

Retour de son : BïaFred PouletGilles Bernard

Bïa

Le 10 novembre, à la Maison de la Chanson
Le tour de chant de Bïa aura été bref, première partie oblige. Juste assez long toutefois pour que la chanteuse d’origine brésilienne puisse charmer son auditoire. Bien sûr par ses pièces, à la fois sobres et intelligentes, où mots et notes sont traités avec soin, mais encore plus par cette voix formidable qui voguait d’un octave à l’autre avec une aisance à faire pâlir d’envie. Une voix si riche, si chaude, que l’instrumentation qui l’accompagnait prenait quasiment l’allure d’un luxe, de jolies fioritures se joignant aux rythmes de bossa-nova et de samba sur lesquels elle se berçait avec élégance. C’est ainsi que les flûtes de Dominique Bouzon et la basse acoustique d’Eric West se sont mêlées à la guitare de Bïa pour offrir de belles versions des pièces de La Mémoire du vent, mais aussi de son plus récent album, qu’elle vient tout juste d’achever, et dont Les Mûres sauvages constituent un avant-goût des plus prometteurs. On ne peut qu’espérer une visite moins succincte dans un avenir rapproché. (N.H.)

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Fred Poulet
Le 12 novembre, à la Maison de la Chanson
Coup de cour pour Fred Poulet à sa première visite au Québec vendredi dernier. Si la majorité des spectateurs attendaient Marc Déry, Poulet a vite retourné la situation. Entré sur scène dans un silence poli, il ne lui a fallu que quelques secondes, et quelques accords de son guitariste Alice Botté (un ancien musicien de Charlélie Couture), pour mettre les spectateurs dans sa poche. Peintre à ses heures, il brosse de petits tableaux de la vie contemporaine dans un humour grinçant. L’ennui domine même les histoires d’amour. Poésie surréaliste servie sur un rock éclaté; guitares dissonnantes, basse pesante. La rythmique est sans faille. Poulet, très à l’aise, chante, déclame, nous sert un rock’n’roll a capella, réplique à un spectateur surpris. On sent qu’il a du métier. Dommage que sa prestation ait été si courte. Espérons le revoir bientôt dans un spectacle plus substantiel. (G.T.)

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Gilles Bernard
Le 13 novembre, au Café-spectacle du Palais Montcalm
Gilles Bernard a le Mot pour le dire; la scène du jazz est encore bien vivante à Québec. Les nombreux fidèles réunis au Café-spectacle du Palais Montcalm ont assisté à une performance remarquable de quatre musiciens au sommet de leur art. Bernard, un pianiste au jeu lyrique, très bon improvisateur et compositeur inspiré, s’avère un animateur de première force. Le saxophoniste Alain Boies, excellent au ténor dans les tempos rapides, de l’idée dans la conversation; dans les ballades, son jeu introspectif au soprano fait merveille. Le contrebassiste Pierre Côté, un peu cabotin dans l’improvisation qu’il émaille de citations, assure le tempo en métronome. Le batteur Raynald Drouin, bon improvisateur à la rythmique irréprochable, sait demeurer discret quand il le faut. Un quatuor superbe d’unité et de complicité. Les nouvelles compositions de Bernard nous font espérer un nouvel enregistrement dans un proche avenir. (G.T.)