Musique

Harry Connick Jr. : Harry dans tous ses états

Après sept ans d’absence de Montréal, il fait bon renouer, même brièvement, avec Harry Connick Jr. le crooner, mais aussi le compositeur, l’interprète, l’arrangeur, le père de famille, et, lorsqu’un scénario intéressant lui passe sous le nez,  l’acteur.

La consigne était stricte: quinze minutes d’entrevue. Pas de niaisage. Mais après sept ans d’absence de Montréal, il faisait bon renouer, même brièvement, avec Harry Connick Jr. le crooner, mais aussi le compositeur, l’interprète, l’arrangeur, le père de famille, et, lorsqu’un scénario intéressant lui passe sous le nez, l’acteur.

Un homme occupé. Une véritable star, en fait: lui, l’élégant propagandiste des grands ensembles jazz, de toute la magnificence et de la somptuosité qui viennent avec. Comble du paradoxe: à entendre la voix de l’homme de trente-deux ans me parler de Come by Me, son plus récent disque, et des indispensables chansons d’amour qui y figurent, je n’avais en tête que le rôle convaincant de déséquilibré qu’il campait dans Copycat, aux côtés de Sigourney Weaver. Légèrement déstabilisant.

«La question demeure entière, s’amuse-t-il à me répondre. Qui est le vrai moi? Le maniaque ou le romantique? Non, ce personnage n’était pas vraiment un grand risque, parce que la carrière, avec un grand C, n’est pas ma priorité. Ce qui prime, c’est l’art, c’est de faire des choses qui me rendent heureux.»

Harry Connick Jr. a toujours présenté sa musique de trois différentes façons: avec grand orchestre mielleux, couchée sur un luxueux lit de cordes; en format big band, où il incarne de façon criante un jeune Sinatra; et en solo, comme en témoignent ses trois albums Twenty, Twenty-Five et Thirty. Come by Me, sur lequel il s’approprie les compositions d’Henri Mancini (Charade), d’Irving Berlin (Change Partners) et de Cole Porter (Easy to Love), entre autres, offre les deux premiers assemblages. «Il y a beaucoup de variantes sur cet album, des cadences rapides, d’autres lentes; un différent spectre d’émotions, finalement. C’est un véritable défi que de diriger ces deux types de formats, parce qu’il s’agit de deux approches très différentes: le rythme, le feeling, les intonations, mais j’aime ça.»

«Je viens à Montréal avec le Big Band et, bien honnêtement, je n’ai absolument aucune idée de ce qu’on va jouer. Si l’on jouait le même set tous les soirs, rendus au troisième, on deviendrait dingues. Cela pourrait être un bon show comme un mauvais, tout dépend toujours du public et de l’ambiance. Alors, je décide des chansons au fur et à mesure que la soirée progresse. Une chose est certaine: les gens vont percevoir beaucoup d’enthousiasme et d’énergie. They will have a good time.»

Originaire de La Nouvelle-Orléans mais installé à New York, le musicien ne renie pas ses origines (on n’a qu’à écouter l’intro au piano de Come by Me pour s’en convaincre); et il a rendu hommage à son mentor: «James T. Booker est, selon moi, le plus grand pianiste à avoir émergé de la Louisiane. Une grosse influence sur ma musique. Tout comme Professor Longhair. Effectivement, mes racines ne disparaîtront jamais.»

On a hâte de revoir Connick, ne serait-ce que pour son sens du showmanship, son classicisme renouvelé, son indéniable présence: «Je pense qu’il existe un type de musiciens nés avec une aisance naturelle pour la scène, et j’appartiens à cette catégorie. Je m’y sens comme à la maison, énergisé. J’adore ça.»

Inépuisable chanteur de charme, notre homme nous refera le grand jeu: «Le thème de l’amour, conclut-il, c’est le canevas de base de l’art en général. Je pense que les relations entre êtres humains constituent un sujet primordial à raconter et à écouter. En tout cas, c’est important pour moi, sinon je n’aurais pas de travail.»

Les 15 et 16 janvier
Théâtre Saint-Denis
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