Nada Surf : Vague de fond
Musique

Nada Surf : Vague de fond

En 1996, on prédisait un avenir radieux aux gars de Nada Surf. Découvert grâce à la chanson Popular, le groupe américain s’est vite retrouvé dans les «buzz bin» des MTV du monde entier, et on les imaginait bien en nouveaux Foo Fighters, ou Weezer, ou quelque autre groupe populaire à guitares. Puis, plus rien…

En 1996, on prédisait un avenir radieux aux gars de Nada Surf. Découvert grâce à la chanson Popular – un single au titre prédestiné -, le groupe américain s’est vite retrouvé dans les «buzz bin» des MTV du monde entier, et on les imaginait bien en nouveaux Foo Fighters, ou Weezer, ou quelque autre groupe populaire à guitares. Puis, plus rien. The Proximity Effect, leur deuxième album, paru il y a environ un an et demi, a été plus ou moins abandonné par leur compagnie de disques, et le groupe s’est retrouvé le bec à l’eau.

«Au fond, on se retrouve où on aurait toujours dû être, explique le chanteur et guitariste Matthew Caws. On s’est retrouvés avec Elektra simplement à cause de Popular, alors évidemment, au moment de faire le deuxième album, ils ont voulu qu’on leur fasse un Popular numéro deux, mais on n’en avait pas.» Comme c’est souvent le cas, le thème de la chanson (qui se moquait du culte de la popularité à l’adolescence) s’est effacé au fur et à mesure que la pièce tournait à la radio. «Je ne veux pas dire de mal des jocks, ou des gens qui appartiennent à des fraternités universitaires, mais c’était un peu étrange de voir que ces gens avaient pris Popular comme hymne, sans comprendre le côté sarcastique du texte. Un jour, nous avons joué dans un lycée de Las Vegas et des membres de l’équipe de foot nous avaient demandé de changer les paroles pour glisser un texte qui insultait l’équipe adverse! Disons que c’était un peu surréaliste.»

Pour le bénéfice du lecteur, il serait peut-être utile de préciser que nous citons Matthew dans le texte. C’est lui qui traduit spontanément «high school» par «lycée», et qui s’excuse lorsqu’il s’empêtre dans un plus-que-parfait du subjonctif. Pour des raisons obscures, les parents de Matthew ont décidé de l’envoyer passer son adolescence dans un lycée français de New York. Bien loin d’avoir perdu son français, Matthew a même récemment adapté dans la langue de Molière les paroles de la chanson Zen Brain pour la compilation montréalaise Coagulation (voir critique dans la section disques), qui sera lancée lors du concert de cette semaine.

Peu importe la langue, Matthew est très sensible à la puissance des mots, comme en témoigne le texte Mother’s Day, une pièce contre la violence faite aux femmes que l’on retrouve sur The Proximity Effect. «C’était très difficile de trouver la manière de parler de ce sujet, de faire passer un message en évitant de prêcher. Je sais que ça peut paraître prétentieux et stupide, mais j’ai écrit cette chanson en pensant à ce que je pourrais dire si je pouvais parler à quelqu’un à la radio pendant trois minutes.»

Sa passion des mots a aussi amené Matthew à vivre de sa plume. Employé au magazine Guitar World pendant deux ans, il collabore toujours en tant que pigiste et vient de signer une entrevue avec sa plus grande idole, Lou Reed. «J’adore ce boulot: c’est un grand cliché, mais de voir que nos idoles sont des gens normaux, ça fait quelque chose. C’est pour ça que lorsque j’écoutais les Who, le Velvet, ou les Ramones, c’était très inspirant, parce que je me disais que moi aussi je pouvais faire la même chose. Si tu écoutes Jimmy Page ou Hendrix jouer de la guitare, tu te retrouves face à des dieux, tu sais que tu ne pourras jamais jouer comme ça. Pour ce qui est du travail, je dirais que je ne suis pas un mauvais journaliste, mais je ne suis pas excellent. J’interromps les gens sans arrêt et je me trouve idiot lorsque je me réécoute.» Chacun son métier, Matthew. Pour ma part, j’avoue être un très mauvais chanteur…

Le 22 janvier
Au Jailhouse
Avec Kazumi FX et The Marato
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