Trio Fibonacci : Musiques du monde
Musique

Trio Fibonacci : Musiques du monde

Le Trio Fibonacci et la soprano Émilie Laforest rendent hommage à la musique canadienne, au Théâtre La Chapelle. Quand la musique de chambre fait vibrer…

Formé il y a deux ans, le Trio Fibonacci répondait à un besoin précis du milieu musical: celui d’un petit ensemble de musique de chambre de haut calibre spécialisé dans le répertoire contemporain. Ses trois membres, le pianiste André Ristic, la violoniste Julie-Anne Derome et le violoncelliste Gabriel Prynn, jeunes virtuoses passionnés par les oeuvres nouvelles, ont donné depuis leur concert inaugural du 11 février 1999 des prestations d’une exceptionnelle qualité. Le Trio doit son nom au célèbre mathématicien du treizième siècle, qui a eu une influence importante sur le développement de l’art musical. André Ristic, également étudiant à temps partiel en mathématique et en physique – en plus d’être compositeur! -, se défend bien d’avoir été l’instigateur de ce choix…
Les préférences de ces jeunes interprètes vont vers la musique du XXe siècle, avec une prédilection pour la nouvelle musique canadienne. Déjà, les compositeurs John Rea, Jean Lesage, André Villeneuve, Serge Provost et Yannick Plamondon dédient des oeuvres au Fibonacci, seule formation du genre à défendre ce type de répertoire. Pour son prochain concert, le trio montréalais donnera deux créations pour violon, violoncelle et piano: Le poisson qui avait vu son reflet de Nicolas Gilbert et 8g de Matthew Rizzuto. Le Fibonacci interprétera également Foxfire Eins «natriumpentothal» de Helmut Oehring pour violoncelle amplifié, Physics of Seduction. Invocation #3 de Paul Dolden pour violoncelle et bande, et Trio en 3 mouvements de Mauricio Kagel pour violon, violoncelle et piano.
La société Codes d’accès, qui reçoit l’ensemble, a également une autre invitée pour ce concert à haute densité: la jeune soprano Émilie Laforest. Ancienne violoniste, Émilie Laforest se consacre maintenant à des études en chant et voue un intérêt particulier à la musique contemporaine. On avait pu l’entendre lors de la Semaine de musique québécoise pour la voix en novembre dernier, dans une oeuvre de Louis Dufort pur voix solo, support numérique et traitement en temps réel, Consomption. Elle reprendra cette oeuvre ainsi que les Récitations 1, 5, 9 et 10a de Georges Aperghis.

Mercredi 5 avril, Théâtre La Chapelle, 20 h

Rêves nordiques aux Radio-Concerts du Centre Pierre-Péladeau
Le thème du prochain événement des Radio-Concerts du Centre Pierre-Péladeau, Rêves nordiques, est assez original en regard de ce qui inspire généralement la programmation des concerts de musique dite «sérieuse». Le samedi 1er avril, on fête le premier anniversaire de la création du Nunavut. Le lundi 3, la salle Pierre-Mercure résonnera au son d’oeuvres canadiennes entièrement inspirées par la musique, le langage et les traditions des Premières Nations du Canada, et en particulier des Inuits. Le concert doit d’ailleurs son nom à l’oeuvre qui occupera toute la seconde partie du concert, Rêves nordiques du jeune compositeur québécois Hugues Leclair, mettant en musique trois légendes inuit: La Naissance des goélands, Comment l’ours blanc perdit sa queue et Du danger de siffler certaines nuits… Le Choeur d’enfants de l’école FACE sera dirigé par Iwan Edwards et, pour la seconde partie, s’y joindront la comédienne Julie Vincent et des instrumentistes du Nouvel Ensemble Moderne.

Lundi 3 avril, 20 h, salle Pierre-Mercure
En direct sur les ondes de la Chaîne culturelle de Radio-Canada

Stabat Mater avec le Studio de musique ancienne de Montréal
Le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM) a confirmé une fois de plus la nécessité de son existence, avec la somptueuse présentation, l’automne dernier, des Vêpres de Monteverdi. Après 25 ans, le SMAM peut s’enorgueillir d’avoir présenté parmi les plus beaux concerts de musique vocale baroque jamais donnés au Québec. Le concert-gala du 25e anniversaire de sa fondation se devait d’être lui aussi somptueux et émouvant, comme le sont toujours les événements du Studio. Pour ce faire, on a invité deux chanteurs qui avaient su, en 1994, avir le public de l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement avec l’oeuvre de Handel Alexander’s Feast or The Power of Music: la soprano Emma Kirkby et l’alto masculin Daniel Taylor. La rencontre de ces deux interprètes avait créé une telle magie qu’on a hâte de pouvoir enfin les retrouver sur une même scène, celle de la salle Pierre-Mercure, cette fois. C’est dans les Stabat Mater de Pergolesi et de Vivaldi qu’on entendra le Choeur du SMAM et les solistes dirigés par Christopher Jackson. Les billets-bénéfice sont au coût de 100 $.
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Disques
Johann Caspar Ferdinand Fischer, Luc Beauséjour, clavecin (Naxos)
Musique française à deux clavecins, Luc Beauséjour et Hervé Niquet (Analekta)

Le claveciniste Luc Beauséjour, toujours actif sur la scène montréalaise, l’est aussi beaucoup du côté du disque. Il y a quelques mois, paraissait un enregistrement qu’il consacrait entièrement à la musique du compositeur allemand Johann Caspar Ferdinand Fischer. S’il est impossible de dater la naissance de Fischer et d’en désigner avec certitude le lieu, on sait toutefois qu’il a fait carrière à la cour de Bade pendant plus de 40 ans, jusqu’à sa mort en 1746. Ce contemporain de Bach a laissé une oeuvre plutôt restreinte mais très achevée, d’une grande importance pour ce qui est de la musique pour clavier en particulier. Peu connue, cette musique souvent exubérante, qui doit beaucoup à l’influence française, est à la fois très habile et très expressive. Fischer, un des premiers à «brandir l’étendard de la nouvelle suite française», a pavé ainsi la voie à ses illustres successeurs. Luc Beauséjour interprète ici les suites 1 à 6 du Musicalischer Parnassus vol. 1, qui portent toutes des noms de muses: Clio, Calliope, Melpomène, Thalia, Erato et Euterpe. Le claveciniste québécois s’y attaque avec la rigueur et la «sagesse» qu’on lui connaît, ainsi qu’avec un dynamisme communicatif. En revanche, il pourrat utiliser plus à fond les ressources expressives de cette musique.
L’enregistrement d’un disque de musique française à deux clavecins a suivi de près le concert que donnaient les clavecinistes Luc Beauséjour et Hervé Niquet l’été dernier, au Festival de Lanaudière. Les deux musiciens, l’un québécois, l’autre français, y jouent des transcriptions et de simples arrangements d’oeuvres de Boismortier, Dieupart, Duphly et Leclair. Cette pratique, courante au XVIIIe siècle, demande une discipline particulière, une connivence très grande très grande entre les deux interprètes. Niquet et Beauséjour y parviennent admirablement malgré certains moments de flottement. On ressent une réelle allégresse dans des mouvements comme l’allegro assai de la Sonata VIII, en ré majeur de Leclair, entre autres. Sonorité réussie. Et pour rire un peu, les photos de pochette, avant… et arrière.