Mouse on Mars : Les souris vertes
Musique

Mouse on Mars : Les souris vertes

Si vous croyez que la musique électronique est répétitive, linéaire, froide et prévisible, c’est que vous n’avez jamais entendu celle de Mouse on Mars, l’un des groupes électro germaniques parmi les plus séduisants (et peut-être les plus importants) depuis Kraftwerk.

Si vous croyez que la musique électronique est répétitive, linéaire, froide et prévisible, c’est que vous n’avez jamais entendu celle de Mouse on Mars, l’un des groupes électro germaniques parmi les plus séduisants (et peut-être les plus importants) depuis Kraftwerk. Sur son plus récent album, Niun Niggun (ne cherchez pas, même en allemand, ça ne veut rien dire), le duo formé de Jan St Werner et d’Andi Toma continue sa déconstruction des codes de la musique pop et réussit à déjouer les attentes des auditeurs les plus blasés. Le disque débute, étrangement, par la pièce Download Sofist, qui s’ouvre sur quelques accords de guitare acoustique, suivis de douces envolées de cuivres. Puis, imperceptiblement, on plonge dans l’univers de MOM: des glissements numériques viennent se superposer à l’ensemble, qui dérape vers quelque chose qui ressemblerait à du Philip Glass sous ecstasy.
Véritables rois des sonorités aléatoires et des détournements de styles, Andi et Jan placent leur travail au-delà des questions de structure, et savent injecter beaucoup d’humour et d’humanité dans leur musique. «Pour nous, la musique électronique n’a rien de glacial ou de rigide, lance Jan. Nous n’avons jamais considéré que ce que nous faisions avec Mouse on Mars était de la "musique de machines", qui est un terme employé par ceux qui dénigrent l’électronique. Je m’étonne toujours que les gens fassent une distinction entre la guitare et le synthé; les deux sont des machines, après tout… Tout est une affaire d’approche et de définition: pour nous, un ordinateur n’est pas un objet immuable et froid, c’est un outil qui nous permet au contraire une grande flexibilité et qui ouvre d’innombrables possibilités.»
Niun Niggun est une véritable balade en montagnes russes qui se déroulerait dans l’obscurité la plus totale. L’auditeur sait qu’il avance sur des rails, mais il ne se doute jamais du moment où il sera précipité dans le vide. «Ça tient beaucoup à notre méthode de composition: on se donne le plus d’espace possibe pour bouger, explique Jan. Lorsqu’on commence un morceau, il ne faut jamais présumer de la façon dont il se terminera; il faut toujours qu’on considère la possibilité d’être poussé dans une tout autre direction. En fait, dès qu’on sent qu’une direction trop précise s’installe, on brise consciemment le pattern.»
On ne s’étonnera donc pas de trouver sur Niun Niggun des mouvements qui nous transportent du jungle au disco, puis du minimalisme le plus austère aux breakbeats les plus puissants. Tous les moyens sont bons pour éviter le surplace durant ces cinquante jouissives minutes. «Je ne peux imaginer que l’on puisse s’ennuyer ou tomber dans la routine en créant de la musique; si tu t’ennuies, c’est que tu es ennuyeux toi-même, que ton rapport à la création s’est émoussé, fait remarquer Jan. Ce qu’il faut, c’est une approche plus scientifique de la musique. Il faut lancer des choses en l’air, puis bien les observer pour voir dans quelle direction elles retombent.»
Sur l’album, plusieurs «vrais» musiciens invités viennent ajouter leur touche à cette grande salade de fruits électronique: «En fait, c’est assez compliqué de travailler avec d’autres musiciens, surtout parce que nous utilisons des tonalités étranges, décalées, lance Jan. Lorsqu’on collabore avec des gens, on passe beaucoup de temps à s’accorder et, ensuite, on doit leur expliquer cette ouverture qui est la nôtre; mais on a eu la chance de tomber sur des gens très ouverts.» Le percussionniste britannique Dodo Nkishi, collaborateur live depuis 1994, a d’ailleurs aujourd’hui joint les rangs du groupe, ce qui devrait ajouter du piquant au spectacle de cette semaine. Pour le reste, attendez-vous à voyager…

Le 2 mai
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