Live à Montréal : Warped Tour
Musique

Live à Montréal : Warped Tour

Warped Tour
Parc Jean-Drapeau de l’île Sainte-Hélène
Le 21 juillet

Pour une cinquième année consécutive, les dieux ont veillé sur le Warped Tour et l’ont épargné d’un désastre météorologique qu’on croyait pourtant inévitable. Le spectacle a commencé en lion avec l’arrivée de MXPX, qui a pris d’assaut la scène principale aux alentours de 14 h, alors que des milliers de jeunes piétinaient encore impatiemment en ligne. Ce positionnement un peu ingrat n’a pas empêché le trio d’offrir une performance impressionnante, où s’alliaient à la perfection énergie contagieuse et cohésion musicale irréprochable. Par la suite, cette frénésie s’est malheureusement estompée. Les vétérans de Good Riddance ont joué leur rôle habituel, et légèrement pathétique, de groupe refusant avec véhémence la moindre parcelle d’évolution en offrant une prestation correcte, mais sans plus, un peu à l’image du reste de l’après-midi qui, disons-le crûment, ne fut guère mémorable.

Gob, Bif Naked, Snapcase, Anti-Flag… cette succession de groupes de second ordre manquait cruellement d’éclat et s’apparentait à une opération de remplissage bon marché en attendant les gros noms qui viendraient plus tard en soirée. À la décharge des organisateurs, notons que des problèmes de douane avaient retardé considérablement l’arrivée de l’équipement sonore d’une des scènes principales, obligeant ainsi à un chambardement complet de l’horaire prévu. Bien entendu, comme c’est souvent le cas, le malheur des uns fit le bonheur des autres… Ce temps mort profita aux groupes évoluant sur les trois autres scènes du site, dont l’affluence augmenta sensiblement.

C’est vers l’heure du souper que le Warped Tour allait prendre véritablement son envol. En moins de deux heures et demie, huit des meilleures formations punk/ska de la planète ont ainsi défilé les unes après les autres, forçant la foule à exécuter un épuisant va-et-vient entre les deux grandes scènes. Le reggae aux influeces californiennes de Long Beach Dub All-Stars a su combler les attentes les plus élevées, le groupe poussant même la générosité jusqu’à offrir quelques reprises de Sublime, dont la superbe pièce Summer Time, un hommage bien mérité à leur défunt compagnon Brad Nowell. Le concert de Green Day, tête d’affiche du festival, a illustré l’importance de ce groupe, qui a certainement marqué l’histoire de la musique alternative des années 90. Imaginez: un set de 35 minutes rempli uniquement de hit singles devenus aujourd’hui de véritables classiques, repris en choeur par 15 000 fans…

On se doit de remettre la palme de l’élégance aux Mighty Mighty Bosstones, qui remportent également le prix du chanteur le plus charismatique en la personne de Dicky Barrett, personnage larger than life malgré la difficulté à communiquer avec la foule dans des lieux aussi gigantesques. Les musiciens les plus accomplis de la tournée? Save Ferris, d’une solidité et d’une virtuosité défiant toute comparaison. La performance vocale époustouflante de la chanteuse faisait en sorte qu’avec un minimum d’imagination, on pouvait facilement s’imaginer transporté dans un club new-yorkais au temps des années folles. En prime, la jeune dame y alla d’une attaque virulente et gratuite à l’endroit de Céline Dion et de son mari, et nargua la foule en affirmant avoir couché avec Fat Mike, chanteur de NOFX. Ce groupe très attendu suivait d’ailleurs immédiatement Save Ferris et constitua la déception de la journée. J’adore NOFX, mais l’approche nonchalante adoptée vendredi dernier, tant sur le plan du mouvement sur scène que de l’exécution musicale, de même que leur choix de chansons très discutable (Louise?, Six-Pack Girl??) m’ont laissé sur mon appétit. On les avait déjà vus en bien meilleure forme.