Daara J : L'effet boomerang
Musique

Daara J : L’effet boomerang

Daara J a trouvé le ton juste entre tradition africaine, inspiration américaine, douceur, chaleur et sens critique. Pas d’attitude, juste l’essence d’une recherche textuelle et musicale aboutie.

Dans les années 80, Faada Freddy et Ndongo D jouent ensemble au lycée de Dakar. Ils écoutent alors la musique rapportée d’Amérique par l’oncle de Freddy: Africa Bambaata, Grand Master Flash et les débuts du rap américain. C’est en 1993, lors d’un freestyle party, qu’ils rencontrent Lord Aladji Man. Ils commencent à échanger des idées et se font alors remarquer grâce à leurs textes qui abordent de front la question religieuse, sujet toujours sensible dans un pays musulman. En 1994, Daara J sort une première cassette éponyme qui dépasse les 15 000 ventes dans son patelin. Un succès qui incite le trio à poursuivre l’aventure et à s’investir davantage dans le hip-hop. Ce premier effort sera remixé par Mad Professor, illustre bidouilleur reggae britannique, en 97. "Nous avions pris contact avec la claviériste Bubblers (Carlton Ogilvie), qui à son tour nous a présenté Mad Professor, explique Ndongo D au téléphone. C’est Déclic, notre label d’alors, qui nous a aiguillés." Mais dès le départ, le trio a décidé de rester près de ses racines africaines. "Tu sais, notre base musicale est née d’une recherche très originale; au Sénégal comme à plusieurs endroits en Afrique, la majorité de la population n’a pas 40 ans. Donc, on fait très attention au message et au contenu puisqu’il y a beaucoup d’enfants qui écoutent: on favorise un message plus intellectuel que ce qui est véhiculé dans le hip-hop nord-américain", poursuit-il. Surtout pas d’attitude comme au pays de l’oncle Sam et pas de tiraillage entre les factions. Puis vint un deuxième album, Xalima en 98, date du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, pour asseoir son importance. "Depuis, un nombre incroyable de formations hip-hop sénégalaises ont vu le jour en Afrique", confirme fièrement Ndongo D. Puis en 2003 parut Boomerang sur BMG, l’album phare du groupe. La même année, ils étaient sacrés meilleur groupe d’Afrique de l’Ouest lors de la troisième édition des Hip-Hop Awards de Dakar. Ce qui nous amène à parler du prochain, qui tarde à voir le jour… "On a jeté les bases à Dakar avec les réalisateurs Quentin et Adam (Sergent Garcia, Papa Juvi), il devrait paraître plus tard cette année", affirme le MC. La meilleure vitrine pour le hip-hop en Afrique noire, le festival Ouaga hip-hop de Ouagadougou, créé en 2000 au Burkina Faso, témoigne de la vitalité du genre. "Il s’agit d’un festival qui regroupe aussi les arts de la danse et du cinéma, poursuit-il. Nous y avons participé quatre fois jusqu’à maintenant." Mais, en bon ambassadeur du genre, Daara J n’a plus besoin de présentation sur les grandes scènes internationales. Et le groupe semble avoir développé une affection toute particulière pour Montréal. "À chaque fois, ça chauffe bien chez vous", s’empresse de déclarer Ndongo D, qui avoue aussi avoir constitué un fan club assez musclé en France et en Espagne. "Et plus tard cette année, on reviendra au Canada pour jouer en Alberta. Mais c’est un peu loin de Montréal, non?"

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