Blue Rodeo : Bien en selle
Musique

Blue Rodeo : Bien en selle

Les gars de Blue Rodeo délaissent un moment leurs projets solo respectifs pour venir présenter sur scène le fruit de 20 ans de camaraderie et de musique. Brin de jasette avec Greg Keelor.

"C’est un drôle d’été pour Blue Rodeo parce qu’on travaille tous sur des projets solo, relate le jovial Greg Keelor, quelques heures avant de s’envoler vers New York pour le matriçage de son album Aphrodite Rose, à paraître le 10 octobre. Mais si ses compères Jim Cuddy, Bazil Donovan, Bob Egan, Glenn Milchem et Bob Packwood se consacrent aussi à des projets personnels, la bande se retrouve néanmoins régulièrement sur les planches. Et en cours d’hiver, le groupe devrait entamer l’élaboration du successeur d’Are You Ready, dixième album studio paru en 2005. "Je suppose qu’on attend juste que l’un de nous devienne vraiment gros pour tout lâcher", rigole-t-il avant de louanger ces projets parallèles. "C’est très important; ça te change les idées et te garde concentré sur la musique…"

Rester concentré sur la musique, voilà, selon Keeler, une tâche devenue bien ardue au fil des ans, notamment à cause des possibilités désormais infinies en studio. "C’est fou! En 20 ans, on est passé du cheval et de la charrette à la Ferrari! illustre-t-il, confiant ne pas être friand de nouvelles technologies. "Je n’aime pas Pro-Tools. Je n’aime pas l’homogénéité qui vient avec, expose-t-il. Je n’aime pas les options illimitées et je n’aime pas pouvoir corriger la musique que je fais après l’avoir jouée; je trouve que ça réduit le sens musical", poursuit-il, ajoutant au passage sa préférence pour les vinyles. "Encore aujourd’hui, j’écoute des microsillons à la maison. Je trouve qu’ils sonnent mieux, j’aime leur apparence, leurs pochettes; j’aime la création artistique qui était nécessaire à la conception des disques, fortement réduite sur les CD, et complètement inexistante avec les iPods…" Si le studio du groupe, The Woodshed, voit son équipement d’époque complété par des bidules modernes, Keelor ne cède pas. "J’aime avoir des limites quand j’enregistre. Le disque que je viens de faire, je l’ai fait sur huit pistes à ruban de un pouce; beaucoup de limites! Tu ne peux pas dire: je vais essayer ceci, je vais essayer cela. Tu peux juste jouer et bien le faire, sinon ça ne marchera pas. Et j’aime ça comme ça."

Livrer le fond de son âme au monde entier via ses chansons, voilà un autre aspect du métier qui plaît bien à Keelor. "Je pense que je ne m’en rends même plus compte, admet-il. Je joue de la musique et j’écris des chansons pour vivre depuis longtemps; c’est ma marque de commerce! J’ai fait un disque après le décès de mon père parce que c’était la seule façon imaginable de faire mon deuil. Je me suis enfermé dans mon studio, en haut de chez moi, puis j’ai écrit et enregistré pendant trois mois; c’est tout ce que je pouvais faire. Certaines personnes ayant entendu ce disque m’ont confié se sentir presque mal à l’aise devant autant d’ouverture et de tristesse, comme si c’était trop personnel. Mais c’est la manière dont j’aime écrire des chansons. Et l’intensité de la mort de mon père, quelque part, était bonne pour le songwriter en moi…"

Le 18 août
Avec Kathleen Edwards et Joel Plaskett
Au Quai Jacques-Cartier
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