Para One : French connection
Musique

Para One : French connection

Enfin! Le Français Para One débarque avec un premier album incontestablement dansant et d’une étonnante fraîcheur, qui se trouve à la croisée de l’électro et du hip-hop. Rencontre avec le jeune producteur prodige de TTC.

Ayant grandi dans une famille de musiciens classiques, Jean-Baptiste de Laubier, alias Para One, troque ses vinyles de Chopin, au milieu des années 80, pour ceux de Public Enemy, NWA et des Geto Boys. Gavé de hip-hop américain, le jeune homme sera révélé, quelques années plus tard, grâce à ses productions impeccables pour TTC (il réalisera cinq pièces sur le nouvel album du trio), mais l’envie de faire bouger les foules ne le quitte jamais. Aujourd’hui l’un des producteurs les plus doués de sa génération, de Laubier considère que la transition entre la console et le clavier s’effectue progressivement. "Lorsqu’on est producteur et arrangeur de musique électronique, on devient presque automatiquement compositeur. On se met à travailler avec des groupes et, très rapidement, on se retrouve dans la position de celui qui doit faire des choix importants et démontrer une créativité inébranlable. J’avais envie de pousser cet aspect le plus loin possible", raconte la moitié des Fuck A Loop.

Après avoir fait paraître deux maxis remarqués par la communauté électro française, de Laubier accouche d’Épiphanie, un premier opus rempli à craquer de grooves spatiaux et de gros rythmes saccadés parsemés de vocoder. Une oeuvre aussi bigarrée que texturée, empruntant autant au techno nineties, à l’abstract hip-hop qu’à l’électro-funk et démontrant l’étendue de la palette du bidouilleur en chef. "Au départ, l’idée était de réunir le plus d’expériences musicales possible. Pour ce disque, il fallait que je traîne mon passé avec moi. Je voulais un résultat le plus sincère, éclaté et cohérent possible. À un moment donné, j’ai découvert tout à fait par hasard qu’un album complet était né! Rien n’était prévu, calculé ou structuré. C’est par la suite que j’ai donné une forme particulière et apporté une cohérence au projet", précise le Parisien de 27 ans.

Alors qu’une nouvelle vague de jeunes artistes électro déferle présentement en Europe, Para One semble vouloir se démarquer de ses contemporains par un goût marqué pour l’aventure et puise une partie de son inspiration chez le dynamique duo de robots français Daft Punk. "En France, dix ans après la parution de leur classique Homework, on a senti un effet revival. Du jour au lendemain, on avait envie de retrouver cette énergie purement 1996 et ça a déteint sur mon travail d’une certaine manière, même si, à mon avis, cette vague est provisoire et pas du tout définitive. Il faut être capable de voir plus loin", estime l’inconditionnel de Robert Wyatt.

Défricheur de nature anticonformiste et cinéaste à ses heures (il est diplômé de la prestigieuse FEMIS), le petit touche-à-tout souhaite éviter les recettes électro éculées et préfère déstabiliser l’auditeur en multipliant les contrastes, en découpant et en rapiéçant ses morceaux. Il estime que l’étape de la composition demeure, à chaque fois, un défi de tous les instants, surtout en ce qui concerne l’aspect harmonique. "Il n’existe pas de recette ou de formule secrète. Quand on se trouve dans une bonne période, du point de vue créatif, on a l’impression que notre boulot est vraiment facile, mais chaque musicien finit toujours par revenir au point de départ, à l’ignorance totale, à l’angoisse, et c’est très bien comme ça. Je crois que c’est ainsi que les artistes évoluent dans leur sphère respective." Décollage en flèche pour Para One!

Le 3 septembre
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