Julos Beaucarne : Utopistes, debout!
Musique

Julos Beaucarne : Utopistes, debout!

Julos Beaucarne rêve de devenir cet oiseau qui voyage au-delà des barrières que les hommes dressent entre eux.

À 70 ans, avec plus de 40 ans de métier dans le corps, l’artiste belge vivant désormais en France ne voit pourtant pas la fin venir. "J’espère que ça ne fait que commencer", confie-t-il en entretien téléphonique. Julos Beaucarne a nommé son nouvel album Le Jaseur boréal en référence à l’oiseau du même nom qui vit dans le Nord de l’Europe et du Québec. "J’ai voulu donner un nom d’oiseau à un disque car je me suis dit qu’ainsi, il pourrait voyager partout à travers le monde, qu’il pourrait abolir les frontières", explique le philosophe-chanteur.

Joueur de mots, conteur hors pair, spécialiste des "virelangues", Julos Beaucarne a plus d’une image dans son sac pour faire passer ses messages. On l’a d’ailleurs surnommé le chanteur-diseur, ou encore le Vigneault des Belges. Il croit à la puissance des mots pour contrer le pouvoir de l’argent et de l’intolérance. Il parle des "loups à tête de mouton", "ces gens qui nous endoctrinent au moment des élections et qui ont du miel sur la langue", ou encore de Monsieur de l’Hiver, un personnage inspiré d’un homme politique de l’extrême droite flamande qui avait comme projet de renvoyer chez eux les étrangers vivant dans la ville d’Anvers. "Vous voulez vraiment, Monsieur de l’Hiver, mettre Anvers à l’envers, vous voulez donc vraiment faire d’Anvers: un enfer, Monsieur de Winter vous voulez vraiment que ce soit dans votre ville été comme hiver: l’hiver?", chante-t-il.

Confronté à la violence du monde – il a lui-même perdu sa femme, assassinée en 1975 -, il y répond en disant qu’"il faut s’aimer à tort et à travers". Pour l’artiste, "se changer soi-même, c’est ça la vraie politique. Si nous faisions de l’alchimie personnelle, nous changerions aussi l’univers par la même occasion, car nous sommes tous faits de la même matière".

"Nous sommes tous membres de l’équipage de la planète Terre", ajoute celui qui déplore le fait que "les gens vivent seuls au monde et se comportent comme des touristes sur leur propre planète". Souvent qualifié d’écologiste avant l’heure – il a déjà créé une "centrale électrique musculaire", où les spectateurs devaient pédaler pour alimenter en électricité les projecteurs! -, il croit que guérir la planète et guérir l’âme humaine font partie d’une seule et même quête. "Nos ancêtres d’Afrique, avant de couper un arbre, ils lui demandaient pardon. Les Inuits faisaient la même chose avant de tuer une baleine", rappelle celui qui a adopté un nouveau cheval de bataille, l’eau. "Porteur d’eau" pour l’organisme québécois Eau Secours!, il croit qu’on doit réagir avant que les compagnies n’achètent l’eau. "Le combat québécois pour l’eau est celui de tous les habitants de toute la Terre. L’eau est sacrée, elle n’est pas commercialisable. Nous sommes six milliards sur la Terre, chacun de nos corps est composé de 80 % d’eau. Six milliards de gens conscients ensemble changent le cours du temps. Je rêve que se lèvent six milliards de porteurs d’eau."

Les 29 et 30 mai
Au Gesù
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