Johnny Clegg : Le Zoulou blanc
Musique

Johnny Clegg : Le Zoulou blanc

Johnny Clegg a réussi un mariage festif entre la musique zoulou et le rock. Son oeuvre témoigne de la magnifique ouverture d’un homme vers l’Autre et de la capacité de résilience des cultures opprimées.

Jonathan (Johnny) Clegg naît le 7 juin 1953 à Rockdale, près de Manchester en Angleterre. Il sera élevé au Zimbabwe, terre natale de sa mère, avant de s’installer en Afrique du Sud. Sa rencontre avec Sipho Mchunu l’amène à se rendre dès l’âge de 17 ans à Makhabaleni, en territoire zoulou. Cette rencontre avec la famille de Mchunu sera déterminante pour Clegg: il découvre chez ce peuple un sens très développé de la communauté. "Les jeunes disent aux adultes : "Prends soin de moi, enseigne-moi." Alors, les hommes et les femmes se soucient des jeunes, leur enseignent comme s’il s’agissait de leurs propres enfants. Je n’avais jamais été exposé à quelque chose comme cela auparavant." Clegg poursuivra des études d’anthropologie et publiera plusieurs articles sur la situation des travailleurs agricoles itinérants. Il sera beaucoup influencé par l’universitaire David Webster, qui sera assassiné en 1989. La formation de Juluka, avec Sipho Mchunu, mêlant des éléments musicaux occidentaux avec la tradition zoulou, revêtira, dans le contexte de l’apartheid, un geste politique fort courageux.

En 2006, le Zoulou blanc fait paraître One Life, un album où il revisite les premières sources, les influences des musiques qu’il écoutait jeune garçon quand il a grandi à Johannesburg dans les années 60 et 70: la guitare traditionnelle zoulou, les choeurs d’hommes dans les danses guerrières. C’est ainsi qu’il parle de son premier contact avec Makhabaleni, de sa préoccupation du travail migrant, du droit de rêver des gens qui vivent dans la misère. Dans The Revolution Will Kill His Children, Jangosi et Boy Soldier, Clegg s’interroge sur la mécanique sociale du pouvoir et sur son effet pervers sur les jeunes: "Dans tous les pays du tiers-monde, des hommes, corrompus par le pouvoir, mettent des fusils entre les mains des enfants. Ce sont de mauvais modèles pour eux. C’est une tâche très difficile d’être né dans un contexte d’oppression."

À près de 55 ans, Johnny Clegg adopte un propos qui met beaucoup l’accent sur le sens à donner à nos vies. Un proverbe zoulou dit que les expériences douloureuses nous permettent de nous mettre en face de nous-mêmes, de nous réinventer: "Quand tu vis une mauvaise expérience, tu dois l’accepter. C’est comme un cadeau de Dieu pour te permettre de grandir plus fort, explique le chanteur. La chanson Faut pas baisser les bras est un hommage à tous les Français (d’Europe, d’Afrique et d’Amérique) qui ont offert un si grand soutien à un chanteur anglo-zoulou!" En 1988, Renaud dédiait à Clegg la chanson Jonathan. En 1991, le gouvernement français lui donnait le titre de chevalier des arts et des lettres. Un tout nouveau disque, Best of Live at the Nelson Mandela Theatre témoigne de l’attachement profond de Clegg à la culture zoulou, de l’originalité d’une musique qui mélange le pop-rock, le funk et le reggae à la musique traditionnelle africaine, de la présence énergique d’une véritable bête de scène.

Le 10 juillet à 20h
Au Parc de la Francophonie
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