Metric : Let It Out!
Musique

Metric : Let It Out!

Metric vient de sortir du studio mythique Electric Lady à New York et se réchauffe pour le jour du lancement. Un disque au secret impénétrable, ou presque.

Il se fait attendre mais il ne saurait tarder. Le prochain album de Metric est fin prêt et la chanteuse Emily Haines s’est même permis une petite virée à Brooklyn, en tandem avec Jimmy Shaw (guitare), question d’interpréter ce nouvel opus (version acoustique) devant public. Par contre, ne comptez pas sur elle pour vous en dire plus. Une brève tentative de notre part pour en connaître le titre s’est vue rejetée avec le charme qu’on lui connaît. Comment ne pas lui pardonner?

Encore sous l’adrénaline de cette courte performance, elle paraît fébrile à l’idée de finaliser les derniers détails de cette production qui fera suite à l’album phare Live It Out, qui fait rouler le groupe sans relâche depuis 2005. Malgré une brève incursion solo avec l’album Knives Don’t Have Your Back, l’interprète ne trouve aucune difficulté à concilier ses deux projets musicaux.

"Je travaille toujours sur une suite pour le projet solo, indique-t-elle. Je pense que ce sera le même processus que pour Knives Don’t Have Your Back. Il y a tellement de musiciens avec qui j’aime collaborer que j’additionne les compositions sans trop me donner d’objectif précis. Metric me donne cet avantage de rencontrer beaucoup de gens sur la route. Nous avons joué entre autres avec Tall Firs, que je trouve géniaux. C’est sûr que je vais faire quelque chose avec eux. Le but de ce projet est de me laisser porter naturellement et de rejeter toute forme de logique commerciale. Il n’y aura jamais d’agenda, ça, c’est sûr."

Plus introspective et dépouillée que Metric, Haines s’amuse toujours autant avec ces deux véhicules musicaux diamétralement opposés. En écoutant la nouvelle pièce Give Me Sympathy, offerte en version acoustique pour l’instant, on perçoit bien ce qui peut unir son écriture aux deux esthétiques. "Ce n’est pas comme si c’était une dynamique binaire qui oppose deux conceptions, explique-t-elle. Il y aura toujours une palette assez large d’émotions et de sentiments que je serai curieuse d’exprimer en musique. Il n’y aura jamais une seule couleur qui s’imposera, que ce soit avec Metric ou autrement. Je me laisse libre de manier le tout comme je le sens. Avec Metric, on veut garder cette dimension dance-rock. C’est très énergique, mais d’un autre côté, on ne s’est jamais contentés de célébrer gratuitement. On ne se gêne pas pour exposer l’autre côté de la médaille."

Avec la parution du livre Secret Carnival Workers, un recueil de poèmes et d’articles de son père Paul Haines (1933-2003) sorti l’été dernier, Emily Haines a la fierté de voir cette oeuvre qui lui est chère saisir un brin de postérité. Un modèle avec lequel elle évolue avec sagesse. "Plus le temps passe et plus je constate la contribution qu’il a apportée à ma vie d’artiste. Au départ, c’était son travail qui semblait impressionnant et, par la suite, c’était sa propre vie qui a pris le dessus. Surtout la façon dont il l’a vécue. C’était un artiste, mais son rôle de père, c’était de l’art aussi. Dans les choses les plus simples qu’il vivait avec sa famille, il pouvait voir de la magie et la traduire en mots. En le relisant, je me concentre beaucoup plus sur cet aspect. Ce n’est pas comme s’il avait passé sa vie entière sur la route avec des poètes de la Beat Generation ou dans les night-clubs. Il avait une voix originale et, même si la poésie ne fera jamais le palmarès d’Oprah, je suis très contente que ce recueil existe."

À écouter si vous aimez /
Emily Haines & The Soft Skeleton, Yeah Yeah Yeahs, Hot Springs