Thomas Hellman : Poète postmoderne
Musique

Thomas Hellman : Poète postmoderne

Thomas Hellman fait paraître un album plus ouvert sur le monde, ponctué de légères sonorités électroniques, dans lequel il marie ses influences de toujours à celles du slam et de la poésie beat.

Son nouveau disque est à peine sorti que déjà Thomas Hellman a la tête ailleurs. "Je suis sur un projet d’écriture. J’avais besoin de me changer les idées parce que j’ai travaillé très fort pour ce disque. En plus, il y a toujours un sentiment de vide après que le disque soit lancé; il fallait que j’occupe ma tête." Le disque en question, c’est Prêts, partez, le deuxième (presque) tout en français pour cet auteur-compositeur bilingue.

Né au Québec d’un père texan et d’une mère française, Thomas Hellman expose cette multiplicité sociogéographique dans ses paroles et ses musiques, et ce nouvel album ne diffère pas des précédents en ce sens. Ce qui diffère, par contre, c’est l’approche. Cette fois-ci, Thomas, qui dresse un portrait un peu sombre du monde qui nous entoure (comment faire autrement?) sur Prêts, partez, a intégré quelques éléments de musique électronique à sa mixture folk-roots – chanson française et surtout une façon de chanter qui s’approche beaucoup du style propre aux poètes beat. "La première chose qu’on remarque, c’est qu’il y a une grande influence de spoken word ou de slam, fait remarquer le musicien. J’ai eu l’occasion de voir pas mal de performances d’artistes slam, notamment Grand Corps Malade, Abd Al Malik et Souleymane Diamanka. Je trouve que c’est une des formes de musique qui renouvelle le plus la chanson francophone parce qu’on y travaille la rythmique de la langue et des images; c’est aussi un style qui se prête énormément à la chanson française. Donc je dis slam, mais je suis possiblement plus influencé par le spoken word. À l’époque où j’écrivais ce disque, je m’étais replongé dans l’univers des beat poets, et j’ai eu aussi l’occasion de travailler avec John Giorno lors du dernier festival Voix d’Amérique. Ce fut vraiment une belle rencontre. D’ailleurs, la seule chanson tout en anglais sur ce disque (quelques-unes sont bilingues), Everyone Gets Lighter, est un texte de Giorno que j’ai tout simplement mis en musique. Donc sur Prêts, partez, j’ai voulu prendre une approche à la Woody Guthrie, Jimmy Rogers, des gens qui faisaient déjà du spoken word-folk durant les années 30. J’ai vraiment essayé d’aller plus loin, tant dans l’écriture que dans la rythmique de la langue et le mariage avec la musique."

Prêts, partez a été créé en petit comité, en grande partie dans l’appartement de Thomas avec son ami et complice de longue date, le réalisateur Olaf Gundel. "On a tout fait nous-mêmes. C’est un mélange de lo-fi hi-fi. On a presque joué tous les instruments dans mon salon, et ce n’est que plus tard qu’on a ramené d’autres musiciens (Jordan Officer, Érik West-Millette, Manon Chaput, Alexis Martin, Francis Covan, Jean Massicotte, Sheila Hannigan et Rémi Leclerc) pour un peu sculpter le tout. Pour la première fois aussi, j’ai travaillé avec des éléments de musique électronique, avec des synthés, des claviers… J’ai un peu essayé de faire un style folk qui entrerait plus dans la modernité. Pourquoi? Ce n’est pas un hasard car, pour moi, au niveau des textes et de la thématique, c’est un disque qui s’inscrit beaucoup dans la modernité. D’une certaine manière, je voulais faire un peu comme un recueil de nouvelles, mais qui soit comme un portrait de la modernité telle que je la perçois. À moins que ce ne soit la postmodernité, ou la post-postmodernité… je ne sais plus trop où on est rendu finalement!"

À écouter si vous aimez /
Martin Léon, Tristan Malavoy, Fredric Gary Comeau