Avec Pas d'Casque : Moulin à images
Musique

Avec Pas d’Casque : Moulin à images

Avec Pas d’Casque participe pour la première fois au Festival Voix d’Amériques. Une association toute naturelle pour ce groupe qui a toujours soigné ses textes.

Lorsqu’on apprivoise un album d’Avec Pas d’Casque, vient un moment où l’on sort le livret pour jeter un oeil aux textes. Véritables vignettes poétiques où fleurissent les images, les chansons révèlent un sens de l’observation aiguisé, un point de vue décalé et même un humour en filigrane. "L’Amour passe à travers le linge. L’espoir est un genre de lumière qu’il faut changer souvent. Je t’attendrai où le ciel devient l’espace. Fais de la soupe avec ta peine pour nous guérir de la mort." "C’est une déformation de monteur, précise Stéphane Lafleur, brillant réalisateur du film Continental, un film sans fusil. Quand tu montes un documentaire, il n’y a pas de scénario, tu construis l’histoire au montage. Moi, c’est comme ça que j’écris des tounes. Tu prends des images, tu les colles ensemble, et un troisième sens apparaît."

Son talent d’écriture n’a pas échappé à l’oeil avisé de D Kimm, grande prêtresse du Festival Voix d’Amériques. "Elle nous a invités à préparer un spectacle pour les 5 à 7 qui réunissent des auteurs et des gens qui y vont par la musique. J’ai tout de suite pensé à Jean-François Nadeau, un comédien (Tactik, Kaboum) sensible aux textes. Il va livrer six histoires écrites pour être lues à voix haute tandis qu’on va faire un petit fond sonore à la mesure de nos moyens et quelques chansons à travers ça. "

En plus de maîtriser l’art subtil de la fabrication d’images, Lafleur a une perspective très personnelle sur les choses, entièrement résumée par la pochette du précédent disque: dans un salon, un caniche pose fièrement pour la caméra à côté d’un fauteuil carreauté orange, beige et brun et d’une paire de pantoufles. Arriver à porter un regard attentif sur ce que d’ordinaire on ne voit pas, braquer les projecteurs sur des muses banales sans jamais verser dans le misérabilisme, voilà l’art qu’affûte Lafleur. Mais de quoi se nourrit-il pour voir le "ciel mayonnaise" là où d’autres le disaient "couleur vanille"? "J’ai grandi à Saint-Jérôme, c’est quand même 19 ans de ma vie… C’est en moi et ça teinte mes textes. Mais j’essaie quand même d’adopter un point de vue contemporain."

Il faut une bonne dose de courage pour chanter, sans une once d’ironie, "Tu traîneras une valise pleine de vues d’horreur et de gâteaux et je saurai enfin que je veux des enfants avec toi". Dans la nature jusqu’au cou (paru l’automne dernier) contient au moins quatre déclarations d’amour. "Je suis content que tu dises ça parce qu’il y en a plusieurs qui trouvent ce que j’écris déprimant. Je ne suis pas d’accord; il y a de la lumière au bout des tunnels. Pour moi, un "nez qui saigne" [titre d’une chanson], c’est des gens qui se réparent. Ils n’étaient plus bien ensemble, se sont blessés, mais là ils se retrouvent et s’engagent sur une nouvelle trail. Au fond, ce que je cherche, ce sont des images nouvelles pour exprimer ce que tout le monde ressent."

À voir si vous aimez /
One Foot in the Grave de Beck, Les Moldy Peaches, Fred Fortin