Handsome Furs : Le meilleur des mondes?
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Handsome Furs : Le meilleur des mondes?

D’une chambre à coucher de Vancouver jusqu’aux salles miteuses de l’Europe de l’Est, les Handsome Furs trimballent leur arsenal rock aguichant mais dénonciateur. Petite leçon de rock.

Le premier album du couple Dan Boeckner/Alexei Perry (Plague Park) était inspiré d’une virée en Scandinavie. Cette fois, c’est l’Europe de l’Est qui a marqué Handsome Furs. "Une partie de notre tournée s’y déroulait, raconte Alexei, attrapée alors que le duo enamouré quittait Austin et le South By Southwest. Au plan créatif, la Pologne, la Croatie, la Serbie et la Russie ont eu un énorme impact sur nous. On y a rencontré des gens inspirants qui tenaient une radio pirate sous l’ère Milosevic. Ils tentaient de faire circuler des "vraies" informations… En général, quand tu joues là-bas, les gens n’ont jamais entendu ton band, ni aucun autre dans ton genre. Les circuits de tournée des groupes indie-rock ne s’y rendent que très rarement. Alors c’est gratifiant de réussir à gagner ces foules."

On aimerait bien voir la réaction du public lorsque les Handsome Furs se ramèneront dans son coin d’ici un mois pour présenter une nouvelle galette écarlate avec un chien de garde à l’avant et la tronche de Vladimir Poutine à l’arrière, coiffée d’un titre dénonciateur inspiré du mode de sélection à l’entrée des bars et des restos: Face Control. "En Amérique, on appelle ça le "dress code", et c’est presque aussi brutal. On a eu de la misère à rentrer en Russie, mais on en a eu aussi quand est venu le temps de passer la frontière des États-Unis… Des systèmes de contrôle, il y en a partout, et c’est assez difficile d’échapper à ça. On a voulu faire un commentaire sur le monde dans lequel on vit, dénoncer quelques affaires qu’on aimerait voir changer."

Depuis ses débuts dans une petite chambre à coucher de Vancouver jusqu’au succès qu’il rencontre aujourd’hui, le groupe a fait pas mal de chemin. À ce son cru et tranchant articulé autour de la froideur d’une boîte à rythmes, d’une guitare inflammable et du chant fébrile de Dan Boeckner (aussi membre de Wolf Parade), les Handsome Furs ont cherché à infuser l’énergie fiévreuse, presque agressive du live et à faire danser l’auditeur. Avec un petit détour par New Order et une référence à leur succès Temptation sur All We Want, Baby, Is Everything. "On est des gros fans, c’est un hommage. On a dû reporter la parution de l’album parce qu’on était en attente d’une approbation. Mais on a reçu de leurs nouvelles et ils disent avoir aimé l’album! On a la bénédiction de New Order!"

Ne vous laissez pas tromper par les photos sur lesquelles les Handsome Furs transpirent le désir qu’ils ont l’un de l’autre. Sans être un groupe à message, le duo dénonce plus qu’il ne célèbre: "J’ai remarqué qu’actuellement, en musique indie-rock, peu de bands semblent intéressés à commenter le monde dans lequel on vit. Je pense que dans le rock’n’roll, c’est important de se rallier contre ce qu’on désapprouve." À l’oeil intrusif des systèmes de contrôle et de surveillance globale dans nos vies, Alexei et Dan opposent la plus formidable réponse qui soit: l’amour et la création. Dans ta face, Big Brother.

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