Mimi VanDerGlow : Rock 101
Musique

Mimi VanDerGlow : Rock 101

Le groupe trifluvien Mimi VanDerGlow aime son rock fort, senti, et surtout, en français.

C’était un dimanche en début de soirée, à la toute fin du dernier FestiVoix. Au parc des Ursulines, divers artistes de la relève participaient au Plus beau Rythme de la Mauricie, un concours organisé par une station de radio généraliste. Après que quatre ou cinq petites chanteuses proprettes se furent exécutées, quatre jeunes hommes échevelés ont envahi la scène et ont fait gronder leurs guitares, basse et batterie. Méchant contraste!

Qui plus est, en cette année où tous cherchent à attiser le sentiment de fierté chez les habitants de Trois-Rivières, les gars de Mimi VanDerGlow ont interprété Soleils de la rive sud, une critique plutôt virulente de "cette ville qui a déjà brûlé et brûle encore une fois de temps en temps", où "tout le monde se trouve beau, se donne des tapes dans le dos". Pas surprenant que le jury, qui était composé de notables du milieu culturel trifluvien, ne semble pas avoir apprécié! "On n’avait pas beaucoup de chances de gagner, étant donné qu’on détonnait de façon assez majeure", concède en riant le chanteur-guitariste Carl Hébert.

INTENSITÉ ET INTÉGRITÉ

Complété par les frères David (à la guitare) et Richard Gaudet (à la batterie) ainsi que par le bassiste Canyon Pascal, Mimi VanDerGlow roule sa bosse depuis 2004, multipliant les spectacles autant en Mauricie que dans le reste du Québec. Le groupe a notamment participé au concours montréalais Les Francouvertes en 2008, où il s’est rendu jusqu’en demi-finale. Les Mimi ont aussi souvent joué en première partie d’artistes disparates, se montrant capables de séduire autant le public de Xavier Caféïne que celui de Steve Hill.

"Je pense que c’est parce qu’on n’est pas juste la saveur du mois, avance Carl. On a travaillé pour avoir de bonnes chansons et un bon show live. On essaie tout le temps de donner tout ce dont on est capables au public. Il y en a qui reprochent à David d’être plus métal et de se faire aller les cheveux quand il joue, mais je trouve que ça nous distingue, cette énergie-là. On ne le mettra pas dehors pour le remplacer par un guitariste qui a une coupe emo et qui joue en regardant ses souliers!"

Le groupe met par ailleurs de l’avant un rock intemporel, avec "des paroles de béton et des riffs de feu", et tout cela en français, madame! Ce dernier point est une question de principes pour Mimi VanDerGlow, qui s’est donné pour mission de redorer le blason du rock francophone, pas mal malmené dernièrement, alors que nombre de jeunes musiciens adoptent l’anglais en espérant devenir les prochains Simple Plan ou Pascale Picard Band.

"C’est une espèce d’effet de mimétisme, les groupes qui veulent chanter en anglais et faire comme ce qu’ils ont vu à la télé. Mais si au départ tu n’as pas d’âme, tu n’as pas de personnalité, ça va toujours n’être que du flafla", estime Pascal. "Ce n’est pas qu’on n’a pas le droit de chanter en anglais, nuance Carl, mais dans notre cas, on veut être capables de faire du rock qui nous ressemble, et la seule façon de faire ça, c’est en français."

ALBUM CONCEPT

En février dernier, après une longue période de gestation, Mimi VanDerGlow faisait paraître Radawr, un premier album autoproduit qui a été enregistré et "masterisé" par Sébastien Cloutier au Studio Newton. En vente en ligne sur des sites tels que CD Baby et iTunes, c’est toutefois surtout lors des shows du groupe que le disque trouve preneur. "Au début, se rappelle Pascal, c’étaient nos amis qui achetaient l’album, mais à force de faire des spectacles, il y a de plus en plus de gens qui ne nous connaissent pas qui achètent l’album. C’est encourageant. Tranquillement, on rentre dans notre argent, puis quand tout va être payé, on va en faire un autre!"

Radawr est en quelque sorte un album concept, dont le thème sous-jacent trouve racine dans le nom même de la formation, qui l’a emprunté à une mythique tenancière de bordel de la région. "Trois-Rivières, dans les années 1940, c’était le bordel du Québec, raconte Pascal. Puis il y a un bonhomme de mon village qui a tout abandonné pour cette tenancière-là, il a tout perdu à force de la vouloir…"

Carl poursuit: "Mimi VanDerGlow, c’est tout ce que tu veux mais qui n’est pas bon pour toi, que ce soit le sexe, la drogue ou l’alcool. Quand je suis rentré à l’université, je suis parti sur des grosses virées de brosses, de baises et toute la patente. Ça c’est pas mal le début de l’album, qui commence avec Quatre Pattes, Tu sais et d’autres tounes qui sont très "sexuées". Suite à ça, un bon moment donné tu dégèles et là, les conséquences entrent en ligne de compte et t’as des chansons comme Hitler en chocolat et Les Profanateurs, qui représentent les moments où t’es à jeun et que tu te dis: "Mon Dieu, c’est quoi ce bordel!"

"Et ça finit avec Des arpents de feu, qui est la conséquence ultime de tout ça: j’ai foutu une fille enceinte puis elle s’est fait avorter. J’ai écrit une toune là-dessus parce que je trouvais que les gars n’étaient jamais représentés là-dedans. Souvent, après coup, tu te fais dire que ce n’est pas toi qui l’as vécu, l’avortement, mais ce n’est pas vrai, t’es là pareil, tu le vis en couple et c’est rough. C’est un peu ça la fin de l’album… Tu ne peux pas te péter la face pendant 10 ans puis ne jamais payer le prix pour ce que tu as fait."

Et comment la chanson Karting chrétien s’imbrique-t-elle dans ledit concept? "J’en ai aucune idée! avoue Carl. Bizarrement, c’est une des chansons dont je me fais le plus parler parce que le texte est complètement débile! Les chars et la religion, ce sont deux affaires qui ne vont pas ensemble. Quand j’ai composé ça, je me suis dit que le pape, pour attirer plus de fidèles, pourrait se dire: "Ça nous prend un concept marketing, on va investir dans les équipes de karting ou de quoi du genre!""

Loufoques, salaces, cyniques ou émotionnelles, les paroles des chansons de Mimi VanDerGlow, comme leur musique, sont exactement telles que le groupe les voulait. Ce qui est assurément l’un des avantages de ne pas être redevable à une compagnie de disques ou une équipe de gérance. "On est vraiment un groupe indépendant. On ne fait pas partie d’un gros réseau de distribution, on n’est pas "backés" par Donald K. Donald, on n’est pas chums avec Anik Jean, puis c’est correct de même. Ça revient toujours à l’intégrité. Ça nous ressemble, c’est ce qu’on est", conclut Pascal.

À écouter si vous aimez /
Caféïne, WD-40, Les Marmottes aplaties