Quartango : Le feu sacré
Musique

Quartango : Le feu sacré

Rencontré le temps d’un petit-déj’, le contrebassiste René Gosselin témoigne du feu sacré qui anime la formation montréalaise Quartango depuis 25 ans.

"Je ne pourrais me passer du tango, pas plus que de mon poste d’enseignant au Conservatoire ou de contrebassiste à l’Orchestre Métropolitain", me confie René Gosselin, intarissable sur ses passions. J’achève mes oeufs et mon allongé alors que le musicien a à peine touché aux siens, emporté par le flot de ses propres paroles. Il a de quoi être fier, ce mordu de pop converti aux musiques dites savantes il y a une trentaine d’années. "En un sens, le tango, né dans les bordels argentins, m’a permis une sorte de retour à mes racines populaires, me concède Gosselin. Il se situe au carrefour de la musique de concert européenne et des musiques pop qui ont bercé ma jeunesse."

Extension de Tango par Quatre, l’un des ensembles précurseurs du tango au Québec, Quartango est né il y a 25 ans d’une volonté de donner à cette musique de danse traditionnelle la sophistication des grandes musiques de performance, volonté dont témoignait à l’époque la musique d’Astor Piazzolla, que René Gosselin et ses compagnons de la première heure ont connu lors de son passage historique à Montréal, dans les années 80. Violoniste d’origine argentine, mentor de Gosselin et fondateur de Quartango, feu Adolfo Bornstein avait déjà joué à Buenos Aires avec le père du tango nuevo.

Quartango réunit actuellement autour de Gosselin le bandonéoniste Douglas Schmidt, le violoniste Antoine Bareil qui a pris la place de Charles-Étienne Marchand et le pianiste Stéphane Aubin qui a remplacé Richard Hunt, à qui l’on doit toujours les arrangements délicieusement complexes qu’exécute la formation, qui mêlent tango et divers genres. Les prochains concerts au Corona – à l’occasion desquels le ténor Marc Hervieux, la soprano Gianna Corbisiero et les danseurs argentins Roxana et Fabia Belmonte se joindront à l’ensemble – témoigneront éloquemment de cette volonté de toujours déstabiliser l’auditeur, pour son plus grand plaisir.

Malgré les changements au sein de son personnel, Quartango compte à son actif une demi-douzaine d’albums, acclamés par la critique au pays comme à l’étranger. Fuego!, le p’tit dernier, paraît juste à temps pour marquer le quart de siècle de l’ensemble. "Mon rêve le plus cher? Vingt-cinq autres années d’existence!" de lancer Gosselin, aussi fier qu’optimiste. On le lui souhaite…

À voir si vous aimez /
Astor Piazzolla, l’Ensemble Romulo Larrea, Pablo Ziegler