Metric : La muse et son mystère
Musique

Metric : La muse et son mystère

Metric continue d’assouvir ses Fantaisies sur la route. Emily Haines nous résume une année bien chargée.

Fantaisies, le troisième album de Metric, est sorti depuis maintenant un an et la tournée ne semble pas vouloir prendre fin. Sur la route, nous joignons Emily Haines entre deux tests de son alors qu’il reste encore quelques dates aux États-Unis avant la visite au Québec. Les choses vont bon train là-bas, et le groupe constate une forme de progression sur ce territoire où il est souvent difficile de s’imposer.

"Aux États-Unis, ça se passe plutôt bien, ça grandit, explique-t-elle. Je te dirais que nous sommes particulièrement fiers des résultats parce que c’est un disque que nous avons lancé sur notre propre étiquette, Metric Music International. Bien sûr, il y a des choses qui ne changeront jamais. Tu te retrouves, par exemple, en face de ces grosses stations de radio. Elles sont affiliées avec les mêmes conglomérats de maisons de disques depuis des années… En face de la nôtre, il n’y aura aucune réaction de leur part. Mais leur auditoire fait parfois la différence. On a vu certaines de ces stations prendre contact avec nous à la suite de concerts. Et là, je n’ose pas discuter des "formats" radio pour une chanson (à peine une minute et quelques secondes). Ça, c’est plutôt décourageant."

Aux rênes de leur carrière, avec une étiquette de disques qui leur confère une indépendance artistique presque totale, les membres du quatuor ont obtenu une visibilité exceptionnelle avec une première visite sur le plateau du Late Show de David Letterman l’été dernier. "Il fait si froid dans cette bâtisse! s’exclame-t-elle. Tous les artistes ne cessent de te répéter ça. Mais quand tu y participes enfin, tu te rends bien compte que c’est vrai! Il fait terriblement froid. J’avais l’impression que ça me rendait plus nerveuse."

Nous pourrions la croire à l’aise devant l’objectif, les vidéoclips du groupe peuvent en témoigner et la réputation scénique de la formation n’est plus à faire. Pourtant, Emily Haines semble encore perplexe en face de ce média puissant qu’est la télévision. "J’étais un peu timide à Letterman et j’ai compris pourquoi. Tu te retrouves dans cet environnement et tu dois penser aux caméras. Ça doit devenir une seconde nature. Notre musique, elle est interactive. En spectacle, c’est sur cette dimension que nous nous concentrons: la relation avec le public. On demeure un groupe de rock, très spontané. Je crois que je ne comprends pas encore tout à fait les rouages de la télévision. En face de ces caméras, je préfère me concentrer sur l’interprétation plutôt que de me donner en spectacle. Ce serait trop superficiel. Mais qui sait, peut-être qu’un jour je serai assez à l’aise pour faire un sketch avec Tina Fey à Saturday Night Live!"

Restons dans le domaine des caméras et parlons cinéma. Si vous êtes avide de nouveauté en ce qui concerne Metric, la participation du groupe à la trame sonore du film Scott Pilgrim vs. The World devrait vous sustenter. Le réalisateur Edgar Wright a fait appel à plusieurs artistes, dont Beck, et la formation canadienne est tombée dans l’oreille du cinéaste, qui nous avait offert les comédies d’action Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Une occasion en or pour les musiciens de faire la rencontre d’un célèbre producteur. "La chanson s’appelle Black Sheep et ce film est une adaptation d’un roman illustré qui porte le même titre. C’était impossible de refuser. C’est le producteur Nigel Goodrich (Radiohead) qui a réalisé cette trame sonore. C’est le genre d’expérience qui se présente sans prévenir. Tu n’as qu’à saisir ta chance."

Pendant cette tournée, Emily Haines trouve le temps d’écrire. Même que Jimmy Shaw (guitare), son fidèle complice, a pu superviser quelques séances d’enregistrement. Si elle reste vague sur le caractère de ces nouvelles compositions, elle est pourtant satisfaite de cette dynamique créatrice. "On aime bien revenir à la composition pendant la tournée, sans attentes et sans penser au prochain disque. Après la sortie de Live It Out (en 2005), il y a eu tellement de spectacles que nous avions perdu cette discipline. Et d’un autre côté, j’avais pu sortir mon album solo et Jimmy, lui, a pu construire un studio d’enregistrement avec Sebastien Grainger."

Après autant d’années passées ensemble, le tandem Haines-Shaw semble inébranlable, comme s’il n’y avait plus de secrets entre les deux artistes. "Mais il y a encore du mystère entre nous deux, avoue-t-elle en riant. J’aime bien cette phrase dans la chanson Gimme Sympathy: "Something we better left unknown." Ça représente bien notre relation. En musique, nous n’avons jamais voulu déterminer quelque chose de précis, ça reste énigmatique. C’est l’expérience qui nous intéresse avant tout!"

À écouter si vous aimez /
Yeah Yeah Yeahs, Beast, Feist