Misteur Valaire : Bombay illimité
Musique

Misteur Valaire : Bombay illimité

Avec Golden Bombay, Misteur Valaire trouve la paix intérieure. Retour sur un voyage initiatique électro-jazz, guidé par la lumière pop.

Ne cherchez pas de clin d’oeil à un roman de Françoise Sagan ou à un film de Roman Polanski. Golden Bombay, titre du troisième album de Misteur Valaire, est inspiré d’un personnage campé par le "célébrissime" Emilio Estevez. "C’est parti de Gordon Bombay, qui est le nom d’une chanson sur l’album, mais qui est aussi, on s’en souvient, le nom du coach dans les Mighty Ducks. On a eu une ou deux séances de Mighty Ducks durant l’enregistrement et ce fut inspirant", badine Luis, percussionniste et émissaire médiatique du quintette électro-jazz complété par Jules, To, DRouin et France.

L’aura de la couleur dorée s’est chargée du reste. "Ça s’est transformé en Golden Bombay. Le golden, ça collait; c’est la couleur qui se dégage du disque, qui est très glorieux, positif. Il n’y a aucune tristesse là-dedans." Tous les gourous du positivisme le scandent: le bonheur est simple, et c’est par cette recherche de simplicité que le groupe a su supplanter sa tendance à vouloir trop en faire. "Sur Friterday Night, il y avait souvent beaucoup d’information, deux ou trois lignes mélodiques qui se passaient en même temps. Pour Golden, on voulait changer nos formes. On a donc fait du ménage pour qu’une seule mélodie se retienne, pour que ça reste en tête. Ça fait un album plus catchy. Certains diront plus pop, et je peux être d’accord. Réussir de la belle pop, c’était quand même un défi pour nous."

MV a non seulement relevé ce défi avec brio (qu’on claironne l’assaut des radios commerciales avec Ave Mucho et Gumshoe), le groupe réussit également à mettre à contribution ses fondements jazz, qui semblent davantage assumés que sur Friterday Night. "C’est vrai que Golden Bombay est moins électro et que le côté jazz funk ressort. La prise de son est moins axée sur les beats. On a aussi pris le temps de salir le truc, avec de vieux amplis, des compresseurs un peu plus vintage."

Plusieurs compositions que le groupe traînait en spectacle ont subi le traitement-choc, mais bon nombre de titres de Golden Bombay furent élaborés directement en studio. "Ça peut faire peur de composer sans le retour du live, mais ça peut aussi valoir la peine de se lancer dans le vide… comme Guillaume Lemay-Thivierge."

All you can (b)eat

Plusieurs membres de MV se connaissent depuis leur secondaire. À cette époque, alors qu’ils étaient sur les bancs d’école, un groupe anglophone d’ici faisait danser tout le Québec: Bran Van 3000. En guise de passation du flambeau, James Di Salvio et Liquid font une apparition remarquée sur Golden Bombay. "On croisait James à l’occasion, puis on lui avait glissé un mot sur notre projet, raconte Luis. Il s’était montré très intéressé. Liquid et lui sont débarqués à notre local, on a essayé le truc et ça a bien fonctionné."

Autres invités qu’on retrouve sur l’album: Béni BBQ, Senja Sargeant, Giselle Webber et Fanny Bloom. Comme pour brouiller les cartes, la chanteuse de La Patère Rose y module en anglais alors que celle qui poussait la note avec les Hot Springs se la joue loi 101. "Pas pire hein!? On voulait confondre les gens! (Rires) En fait, les deux filles se sont mises sur la corde raide toutes seules. Fanny nous est arrivée avec des paroles anglophones qui marchaient à fond, et Giselle est débarquée en voulant chanter en français. À ce moment, on ne connaissait pas son projet Gigi French."

À cette liste de collaborations, il ne faudrait pas oublier la chorale d’enfants que MV a réquisitionnée le temps de Brandon Marlow. "C’est une chanson en deux parties. La première est plus rythmée, puis pour la seconde, on est partis d’un loop avec une voix de petite fille trouvée sur Internet. Pour faire grossir ça de manière orchestrale, on a appelé notre ami Olivier Hébert qui nous a "arrangé de beaux arrangements". (rires)"

Comme Luis l’évoque, MV puise ses échantillons sonores sur le Web. Après avoir offert sa musique gratuitement sur Internet, est-ce que le groupe s’y sert comme dans un buffet chinois en échange? "Ça arrive qu’on tombe sur des trucs et on ne se demande pas immédiatement si on a le droit de les utiliser. Je dois donc souligner la très belle job de notre gérance, qui a libéré les droits de tous nos samples, un par un. On a joué ça légal." Ainsi, pas de prise de position à la Girl Talk chez Misteur Valaire… bien au contraire. "On a souvent dit "on donne notre musique", sauf que si une grosse entreprise l’utilise pour faire de l’argent, j’pense que c’est important qu’une petite part du gâteau nous revienne." Qu’on leur réserve une part avec du crémage.

Golden Bombay
Misteur Valaire
(Mr Label / Outside Music)
En magasin le 18 mai

À écouter si vous aimez /
Gorillaz, Bran Van 3000, Casiokids