Stephen Faulkner : Partir les pieds devant
Musique

Stephen Faulkner : Partir les pieds devant

Stephen Faulkner reste fidèle à lui-même: un homme affable, direct et chaleureux. Un bum sympathique qui trimballe, mille après mille, des chansons salvatrices.

Pierre Jobin, l’instigateur du festival Limoilou m’en chante qui se déroulera à la Salle Sylvain-Lelièvre du Cégep Limoilou du 28 septembre au 3 octobre, l’appelle affectueusement le "bum de la chanson". Mais par respect pour le travail du gars de Montréal, ce cow-boy de ville avec qui Fred Fortin et Dany Placard partagent des affinités musicales, il a préféré intituler le concert auquel Stephen Faulkner participera Une bande d’irréductibles.

En discutant avec quelques artistes québécois qui ont repris le flambeau de la musique folk et country au Québec ces dernières années, on se rend bien compte que l’oeuvre de "Cassonade" en a marqué plus d’un. Mara Tremblay, par exemple, qui nous avouait un amour inconditionnel pour son répertoire tout en soulignant qu’il ne semblait pas se l’être donnée facile tout au long de sa carrière en dents de scie.

Questionné sur cette image qui lui colle à la peau, celle de l’outsider borné qui fait son propre chemin, l’auteur-compositeur-interprète rectifie le tir. "À matin, je suis allé prendre mon café en face, pis j’ai croisé Michel Pagliaro, indique-t-il. On s’est parlé et on s’est serré la main. Pag, lui aussi c’est une magnifique tête de cochon. Il a fait ce qu’il a voulu. J’imagine que si on lui posait la même question, il aurait une réponse assez semblable à la mienne."

"Moi, je n’ai pas de remords et je fais les choses naturellement. Ce qui m’importe, c’est d’avoir le respect des autres musiciens. J’aime beaucoup mon métier, mais le vedettariat, ce n’est pas pour moi. Tout ce qui m’importe, c’est de jouer avec des bons musiciens et qu’eux aient le goût de jouer avec moi. Le public est capable de sentir ça, et je pense encore que ça peut les rendre heureux. C’est juste ça, mon métier, et rien d’autre."

C’est peut-être cette attitude volontaire et pugnace qui le rend si crédible lorsqu’il se retrouve au piano ou la guitare en bandoulière. Lui seul semble avoir le secret de la ballade country, telle que Je suis toujours en amour avec toi, et des récits de route enfumés. "Si tu me dis que je suis crédible quand je chante du country ou du folk, et ben là tu sous-entends qu’il y en a d’autres qui ne sont pas à leur place. Remarque, je suis d’accord avec toi. J’accepte les compliments, mais en général, je suis assez low profile là-dessus."

"J’ai peut-être bu à certaines musiques que d’autres ont moins consommées à l’époque, avance-t-il. Le monde tripait sur le progressif britannique; moi, j’étais branché sur Leon Russell, ou encore Stephen Stills, une influence majeure et un mentor pour moi. John Fogerty de CCR, par exemple, c’est straight pipe! Deux, trois minutes de toune, un texte intelligent, couplet-refrain… Ciao, be-bye, on passe à une autre. Moi, je marche comme ça. La soupe "progressive" populaire, l’album 70’s de Cossette si tu veux, m’ont jamais intéressé. Moi, j’ai des bottes de cow-boy dans les pieds, et j’encule… j’ai encore le goût de prendre le taureau par les cornes." Excusez-la.

À écouter si vous aimez /
Richard Desjardins, Willie Lamothe, Dany Placard