Luc De Larochellière : Y'avait gala
Musique

Luc De Larochellière : Y’avait gala

Luc De Larochellière a vu son talent d’auteur et de compositeur récompensé avec raison, et ce, sans l’aide de la caméra. La chanson a encore des ailes.

On ne peut passer sous silence la victoire de Luc De Larochellière au dernier Gala de l’ADISQ. Il y a remporté le Félix d’auteur-compositeur de l’année, une belle reconnaissance pour le travail accompli sur l’album Un toi dans ma tête. Pour une rare fois, on revoyait à la télévision l’artiste en chair et en os au fameux gala. "Mon dernier Félix remonte à 2001, se rappelle-t-il, pour la mise en scène de mon spectacle. Ça faisait longtemps, et c’est très bien de pouvoir jouir d’un peu de lumière. Le genre de chanson que je fais, on peut le constater ces dernières années, c’est de plus en plus dans l’ombre."

Pas trop au fait des derniers remous causés par la suprématie des académiciens sur l’échelle de la popularité au Québec, De Larochellière continue sa tournée dans la province sans trop s’en faire avec les aléas de l’industrie. Par contre, lorsqu’on lui parle du sort réservé à la chanson francophone et à ses auteurs au Québec, l’artiste s’éveille. "Là où on souffre en tant qu’auteur-compositeur, c’est dans la visibilité. On constate qu’il y a certaines chaînes télé qui possèdent des magazines et qui soutiennent leurs propres vedettes… On voit maintenant le résultat: lorsqu’un artiste est visible, il devient populaire. Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant pour tous les autres artistes qui travaillent? Serait-il possible aussi d’avoir notre place dans la programmation des chaînes généralistes?"

Mais les critères de sélection des chaînes en question ne semblent pas concorder avec ce qu’on appelle la chanson à texte. Lorsqu’on prend la peine d’exposer la vie et la société avec une écriture éloquente, comme le fait Luc De Larochellière, quelle place reste-t-il pour le divertissement? "Si on pouvait l’entendre, cette musique, on pourrait juger ainsi si c’est divertissant ou non et si ça peut toucher un large public aussi. En ce moment, je ne fais pas de très grandes salles, mais les salles que je fais sont pleines et les gens en redemandent. L’enthousiasme, il est là. Et ce, même si la radio décide que ma musique n’est pas assez "divertissante"… Je vis en ce moment mes meilleures ventes de disques en carrière, j’ai une très belle réaction de la part du public. Si on veut juger certains répertoires, il faudrait au moins leur donner une chance."

C’est une forme de renaissance que vit en ce moment Luc De Larochellière. Son dernier spectacle, où l’intégralité de son dernier album se jumelle à quelques-uns de ses succès, semble avoir rallié un public qu’il cultive depuis longtemps, mais qui lui avait échappé il y a quelques années. "En plus, Un toi dans ma tête est une proposition artistique différente, très acoustique. Il n’y avait rien de prémédité de ma part. Je me vois avant tout comme un illustrateur. J’observe le monde qui m’entoure, je me regarde moi-même et j’écris sans me censurer. Je ne tente pas de me placer à l’extérieur de l’exercice. Je pense que c’est pour ça qu’un auditoire s’approprie des chansons."

À écouter si vous aimez /
Michel Rivard, Moran, Bori