Katie Moore : Vénus du Mile End
Musique

Katie Moore : Vénus du Mile End

Parallèlement à ses collaborations remarquées, Katie Moore lance un deuxième album où sa voix magnifique s’élève et se déploie, occupe enfin l’avant-scène.

Katie Moore a reçu tout un cadeau de la vie, une voix en or et un instinct musical très affirmé, ce qui en a fait l’arme secrète de quelques beaux énergumènes parmi lesquels Socalled, Chilly Gonzales, Patrick Watson; la rouquine a même fait partie d’une chorale de quatre voix assemblée par Feist lors des derniers Jeux olympiques. Parallèlement à cette vie sur la route, elle mène humblement sa petite barque et lance ces jours-ci son deuxième album officiel, Montebello, sur lequel s’entend le chemin parcouru depuis Only Thing Worst (2007).

Sa fibre country/folk/bluegrass demeure, mais on a ouvert le spectre; les premières notes sont celles d’une guitare électrique, on entend le piano délié de Gonzo et même de la flûte traversière dans Heart Like a Wheel, reprise d’une chanson d’Anna McGarrigle. "Ça témoigne de mon évolution comme musicienne, reconnaît-elle, et de l’empreinte que laissent sur ma musique les musiciens que je fréquente. C’est intéressant de voir comment les gens qui m’entourent procèdent. La plupart ont étudié en musique, ce qui n’est pas mon cas, mis à part quelques leçons de piano quand j’étais petite. J’ai beaucoup appris de Warren C. Spicer (membre de Plants and Animals, réalisateur et musicien sur cet album et le précédent). Quand j’écris une chanson, je la passe ensuite dans la "Warren machine" et elle en ressort plus… musicale."

Lors de notre dernière entrevue en 2008, Katie Moore avait manifesté le désir d’écrire des textes plus engagés, moins centrés sur ses préoccupations personnelles: mission accomplie. "Le titre fait référence au sommet économique qu’il y a eu en 2007 à Montebello avec le président du Mexique, George W. Bush et Stephen Harper. Il y avait des agents provocateurs postés dans la foule pour inciter les manifestants à la violence, tu te souviens? Ça m’a mise en colère et j’ai eu envie d’écrire là-dessus. Plusieurs textes sont inspirés de bribes de conversations que j’ai eues avec des amis. J’ai essayé d’éviter les chansons d’amour… Ça a fonctionné, sauf pour la reprise d’Anna McGarrigle." Katie Moore cite d’ailleurs les soeurs McGarrigle parmi ses modèles: "Elles en ont toujours fait à leur tête, intègres et farouchement indépendantes. Leur démarche et leur trajectoire m’inspirent."

Si bien que Katie Moore, à sa façon et avec les moyens de son époque, a fondé son propre petit label (Purple Cat), et financé l’album grâce à Kickstarter, "un site Web qui aide les gens à trouver des sous pour réaliser un projet de création. Tu précises la somme que tu souhaites amasser, tu te fixes un échéancier pour y arriver, et les gens intéressés au projet peuvent faire des dons. En échange des sous investis, je leur fais des cadeaux: un téléchargement, une copie physique de tous mes disques, un laissez-passer pour mes shows en 2011, un spectacle privé, une chanson sur YouTube… J’ai même cousu des tabliers! Pour une artiste comme moi, c’est-à-dire pas très rentable, ça devient intéressant parce que tes fans aident à concrétiser le projet d’album, et deviennent en quelque sorte ta maison de disques."

Katie Moore
Montebello
(Purple Cat Records)
Parution le 1er février

À écouter si vous aimez /
Les soeurs McGarrigle, Dolly Parton, Joni Mitchell