Les Charbonniers de l'enfer : Poètes en voix
Musique

Les Charbonniers de l’enfer : Poètes en voix

Les Charbonniers de l’enfer revisitent le répertoire francophone contemporain à leur manière. Avec eux, la chanson devient une véritable pièce de théâtre où des récits intemporels s’expriment.

Les Charbonniers de l’enfer nous réservaient une belle surprise l’année dernière avec la présentation de l’album Nouvelles fréquentations. Après une collaboration remarquée avec le chanteur Gilles Vigneault, voici que les cinq interprètes de l’ensemble a cappella de musique traditionnelle ont décidé de plonger dans le répertoire contemporain de la chanson francophone. Ou presque, car une traduction libre d’une chanson de Neil Young se trouve aussi sur ce disque. "Il y avait un défi sur la table avec ce projet", indique Michel Bordeleau, qui oeuvre au sein des Charbonniers depuis plus de 15 ans avec Michel Faubert, André Marchand, Jean-Claude Mirandette et Normand Miron. "Choisir les chansons fut un travail, on a tous nos personnalités! Au départ, on a constaté qu’on restait trop ancrés dans un répertoire proche de la musique traditionnelle, avec des classiques de Georges Dor et compagnie. C’est alors qu’on a décidé de mettre ça de côté et d’y aller à fond avec des choix plus contemporains. Au total, on a dû écouter plus de 500 chansons!"

"Pour Neil Young, l’idée est venue de Jean-Claude Mirandette, qui est un grand amateur, un fan fini, ajoute-t-il. Il s’amuse souvent à traduire pour le plaisir des chansons de Young en français. Lorsqu’il a interprété la chanson Boxcar, qui est devenue Le wagon, en coulisse d’un spectacle avec sa guitare, on a tous flashé! C’est la seule pièce sur cet album, avec La prison maintenant de Marcel Martel, qui a reçu un vote unanime."

Et cette chanson de Martel reflète bien l’originalité des arrangements que les musiciens ont concoctés. Non seulement la polyphonie y est soigneusement travaillée, mais la mise en scène des textes originaux leur donne un nouveau souffle. "Avec Marcel Martel, on avait le sentiment de le faire connaître à nouveau, remarque-t-il. Willie Lamothe, tout le monde s’en souvient, il passait souvent à la télé. La carrière de Marcel Martel, elle, était plus modeste. Disons qu’il est resté dans l’ombre. Par contre, c’était quelqu’un de très créatif! Il était très proche de la chanson américaine et faisait même des traductions. Avec La prison maintenant, on a respecté le son qu’on entend sur l’enregistrement d’origine, celui d’un vieux vinyle. On a décidé de s’interpeller entre les couplets, pour le fun. Il fallait aussi exprimer ce sens de l’humour qui caractérise les Charbonniers."

Du sens de l’humour, on passe parfois à la tragédie. Les Charbonniers ont ce don de mélanger les deux dynamiques tout en créant un univers poétique bien à eux. Avec Léopold Gibouleau, une chanson de Plume Latraverse, on est en face d’un drame judicieusement présenté. "C’est là qu’on constate que la musique adoucit les moeurs, constate Bordeleau en riant. Sans musique, on redécouvre une histoire, les mots deviennent alors très puissants. Cette chanson fait son effet sur le public. Au début on rit, ensuite on se rend bien compte de la tragédie. La musique traditionnelle, ce n’est pas seulement pour faire le party, c’est de la poésie aussi."

À écouter si vous aimez /
Fred Pellerin, Michel Faubert, Gilles Vigneault