Yoav Talmi : Pour la mémoire
Musique

Yoav Talmi : Pour la mémoire

Yoav Talmi nous quitte, mais renouera sans doute avec l’orchestre qu’il a dirigé pendant 13 années. Il nous laisse avec une création: De Profundis.

Le chef d’orchestre Yoav Talmi nous offre un cadeau d’adieu pour souligner son dernier concert à la barre de l’Orchestre symphonique de Québec. En fait, à la lecture du programme, on se dit que c’est également à lui-même que Talmi offre ce présent. Cette séparation, le maestro l’aurait reportée de quelques années encore, mais les choses ont été autrement. Cette ultime soirée sera donc pour lui un moment de tristesse, mais aussi une forme de célébration. Il tenait à se retrouver devant le public de l’OSQ à titre non seulement de chef d’orchestre, mais comme compositeur.

Le programme initial prévoyait une oeuvre pour choeur et orchestre de Brahms intitulée Schicksalslied (Chant du destin), une adaptation musicale d’un texte du poète allemand Hölderlin. Mais le chef avait autre chose en tête, un projet personnel qu’il voulait achever à temps pour cet "adieu". Il nous présentera donc De Profundis, une oeuvre pour choeur et orchestre qu’il a écrite récemment et qui sera jouée pour la première fois à Québec.

"Je n’étais sûr de rien lorsque nous avons présenté la saison 2010-2011, se rappelle-t-il. Aurais-je le temps de finir cette oeuvre? Cette question me laissait perplexe. Finalement, j’ai pu jouir d’une retraite de quelques mois l’été dernier. J’ai quitté la maison pour me rendre en Bavière, en Allemagne, pour séjourner seul dans les montagnes d’un petit village. Je n’avais pas la télévision, pas d’Internet. Seulement un piano et cette vue fabuleuse. Je n’ai fait que composer pendant tout l’été. Lorsque je suis revenu chez moi, je savais que j’avais assez de matériel pour terminer le travail à temps. J’ai alors changé l’oeuvre qui ouvre le programme. L’ouverture Egmont de Beethoven, initialement prévue, était un peu trop… joyeuse. L’ouverture Coriolan était plus appropriée. La Symphonie n° 9 de Beethoven, elle, s’imposait dès le départ comme conclusion."

L’adaptation du psaume De Profundis revêt une signification particulière pour le maestro. Non seulement elle témoigne de sa tristesse à la veille de clore ce chapitre, mais l’oeuvre est dédiée à son père, Abraham Talmi. "Mon père fut le premier enseignant de musique que j’ai eu, précise-t-il. Non seulement ça, mais c’est le premier chef que j’ai connu, pour qui j’ai chanté étant jeune dans le choeur qu’il dirigeait. C’est grâce à lui que je cultive cet amour pour la voix et la musique… J’ai traité les voix comme s’il avait été à mes côtés, avec le même amour."

L’héritage symphonique que Yoav Talmi nous laisse en souvenir est imposant: les cycles Bruckner et Beethoven, entre autres. Mais l’attention toute particulière accordée aux symphonies de Mahler est sans doute ce qui nous marque le plus. "Plusieurs d’entre elles n’avaient jamais été jouées ici. Mais, d’avoir fait la symphonie "des Mille" au Colisée de Québec, c’est une expérience qu’on ne vit qu’une fois dans une vie! L’anniversaire de la ville de Québec a fait en sorte qu’on puisse réaliser cet exploit. J’étais là au bon moment!"

À écouter si vous aimez /
Les disques French Showpieces (Concert français), Bach: métamorphoses, Debussy: Children’s Corner