Maceo Parker : Une vie sur la planète Soul
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Maceo Parker : Une vie sur la planète Soul

En tournée quasi perpétuelle à la tête de son groupe ou aux côtés des plus illustres étoiles de la scène musicale, Maceo Parker s’arrête chez nous pour souffler… dans son sax!

"Je dois soutenir financièrement ma famille; c’est ce qui donne tout son sens à ce que je fais", affirme candidement Maceo Parker pour expliquer son épuisant calendrier de tournée internationale. À 68 ans, on attribuerait volontiers à l’infatigable saxophoniste, déjà plusieurs fois grand-père, le titre de hardest working man in showbusiness jadis détenu par son défunt mentor et leader.

Recruté par James Brown au sortir du collège, en même temps que son frère batteur Melvin, Parker pourrait s’enorgueillir d’avoir contribué par ses riffs redoutables d’efficacité aux plus grands succès du Parrain de la soul, à commencer par l’indémodable "I Got You (I Feel Good)". Plutôt modeste, et même philosophe à l’évocation du régime quasi tyrannique de son ex-patron, il garde de cette époque le souvenir impérissable d’avoir côtoyé soir après soir une indomptable bête de scène. "Vous savez, il était vraiment incroyable, tellement en forme, tellement énergique, avec ses cris, ses pas de danse, ses grands écarts, ses acrobaties. C’était quelque chose!"

Associé pendant un quart de siècle à la figure tutélaire de James Brown puis à celle tout aussi mythique de George Clinton, Maceo Parker a multiplié ces dernières années les collaborations ponctuelles avec des artistes aussi divers que Dave Matthews, De La Soul, Ani DiFranco et même Prince. "Souvent, on m’a convoqué en studio pour accentuer le côté funky d’un enregistrement, lui conférer cette vibe à la James Brown.

Je ne voulais pas devenir le type que n’importe qui peut appeler et qui accourt aussitôt, comme un mercenaire du saxo. Mais j’ai fait ce qu’il fallait pour établir mon identité, de manière à pouvoir maintenir mon groupe à moi."

Né en Caroline du Nord dans une famille de musiciens, le saxophoniste se remémore avec nostalgie ses années de formation où ses frères et lui s’efforçaient d’écouter tous les genres de musique, en quête de leur propre style. Influencé par David Fathead Newman et Julian Cannonball Adderley, Maceo Parker éprouve encore la plus grande estime pour Ray Charles, à qui il lui arrive d’emprunter aujourd’hui en concert certaines chansons emblématiques. "Dès les premières fois que je l’ai entendu sur disque, j’ai voulu jouer du saxo avec la même qualité d’émotion, le même soul qu’il avait dans la voix. Et la première fois que je l’ai vu en concert, je me rappelle m’être dit à voix haute en sortant: M. Charles, un jour, je ne sais pas comment, mais vous allez apprendre mon nom."

La vie étant parfois bien faite, Maceo Parker est très fier d’évoquer cette tournée européenne au cours de laquelle son groupe a joué en première partie de Brother Ray… et où il lui est arrivé de se joindre au Genius sur scène le temps de quelques riffs bien sentis. "La musique, vous savez, c’est toujours une affaire d’amour, de sincérité. C’est ça, au fond, qu’on entend par soul."

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