Les Dorothée : L’amour est une salope
Un deuxième album complètement accrocheur en poche, Les Dorothée viennent dans la région afin de défendre les chansons de One night stands et romance cheap.
Joël Martel
Photo : Marie-Ève Rompré
En matière de scandales amusants, Les Dorothée s’y connaissent. Il y a quelques années, le groupe originaire de Repentigny suscitait la colère de nos cousins avec la chanson Les putes de Paris, tirée de sa première galette, Danse et explose. Quatre ans plus tard, Mathieu Genest, chanteur de la formation, s’en amuse encore. "Quand le clip a été mis en ligne sur YouTube, il y a eu des Français qui l’ont vu et ils n’ont pas aimé ça du tout. Je ne sais pas jusqu’à quel point c’est représentatif de l’opinion de la France au complet. Je sais par contre qu’ils étaient plusieurs Français à trouver ça irrespectueux et déplacé de chanter qu’il pleuvait des putes sur Paris. Ils n’ont pas le même humour qu’ici peut-être…"
Le deuxième disque, intitulé One night stands et romance cheap, paru en mars 2011, marque un sérieux tournant dans le ton des chansons des Dorothée. "C’est un album de peine d’amour. On était tous dans cette situation-là quand on l’a composé et on avait vieilli. C’est sûr que ça fittait aussi avec ce qu’on vivait et ce qu’on écoutait dans cette période-là."
Au-delà des échecs amoureux, le virage indépendant (le groupe était autrefois avec l’étiquette Les Disques Tox) des Dorothée aura également grandement contribué au son particulier de ce deuxième effort sur disque. "Il n’y avait personne qui venait checker ce qu’on faisait. Si on voulait rajouter un musicien, on n’avait pas nécessairement à passer par toute la paperasse que ça implique. On lui demandait, il se pointait et il faisait ses trucs. On lui donnait ensuite ce qu’on pouvait sans devoir respecter les tarifs de la Guilde des musiciens. On s’est comme payé la traite un petit peu."
Malgré certains passages plus salés, il reste que One night stands et romance cheap contient de nombreux hits potentiels. Au dire de Mathieu, si les chansons des Dorothée n’ont pas réussi à se faufiler dans les grilles de programmation des grandes radios, ce n’est pas faute d’avoir essayé. "Quand on sort une toune, j’essaie de la pousser et de la rendre à CKOI. Je ne m’en cacherai pas parce que si CKOI passe nos tounes, c’est une bonne amélioration pour le poste, mais je n’irai jamais tronquer mes chansons pour qu’elles passent là. Par exemple, pour la chanson Dormir seul, ils ont dit que la toune avait un vocal agressant et que ce qui marchait de ces temps-ci, c’est l’électro."
Tout indique que Les Dorothée ne se prêteront pas à la sauce électro de sitôt. En plus de 10 ans d’existence, le groupe n’a fait qu’un seul sacrifice et, comme le dit l’adage, une fois n’est pas coutume. "Au départ, on s’appelait Dorothée est une salope. On est ensuite devenus Les Dorothée. Ça a été notre seule concession et quand on a vu que ça ne changeait pas grand-chose, on ne pouvait pas revenir à notre ancien nom. Ça aurait fait un peu: "On a essayé de quoi et ça n’a pas marché et là on fait comme si de rien n’était.""