Canailles : Et voilà la racaille
Musique

Canailles : Et voilà la racaille

Après trois ans dans l’incubateur émergent, Canailles lève son buck et lance son premier album.

Perçu comme un autre signe indéniable d’un nouvel engouement pour les musiques folk et bluegrass, Canailles est débarqué dans le paysage musical québécois en 2009 avec cette étincelle le dissociant de ses confrères. Avec leur esprit de meute, leur dégaine brinquebalante et leur langage singulier, les huit membres du combo portaient diablement bien leur nom. Parfait pour une brosse dans un bar de quartier, l’aspect brouillon de leur prestation faisait tout leur charme. Or, paru le 10 avril, le premier disque du combo, Manger du bois, prouve tout le chemin parcouru.

"On était pas mal plus cabochons au début, c’est vrai", confie le multi-instrumentiste et chanteur Érik Evans. "Non seulement on faisait des erreurs en concert, mais parfois personne de nous huit pensait à demander notre chèque après un concert. Puis, Les Francouvertes sont arrivées, et nous savions qu’il fallait être un peu plus droits pour espérer passer le stade des préliminaires [ndrl: Canailles a terminé troisième lors de la grande finale]."

Si son apport artistique s’avère limité sur Manger du bois – pas de beat box ni de rap à l’horizon -, le réalisateur du compact, Socalled, a aussi renforcé la livraison de Canailles. "Autant il pouvait nous coacher sévèrement, autant il pouvait le faire avec un nez de clown. Socalled est un excentrique doué, et c’est pour son travail de réalisation avec Geoff Burner que nous avons retenu ses services. L’album de Burner (Victory Party) est dans un style plus klezmer, mais sa production très roots collait avec le son Canailles."

Tout comme dans les ouvres de Lisa Leblanc et de Bernard Adamus (souvent sur scène avec Canailles), on trouve chez le groupe ce même attrait pour le joual, le franc-parler et la grivoiserie bien dosée. "Les thématiques de chevaux, de bottes ou de foin ne nous tentaient pas. Nous vivons tous en ville [Montréal] et nous voulions des textes qui nous représentent. La sincérité a d’ailleurs fait le succès de la musique bluegrass il y a des décennies. Si tu écoutes Adamus et Leblanc, tu retrouves ce même côté cru et sincère. Il n’y a personne ici qui essaie de bien paraître. On écrit nos textes de chanson comme on parle dans la vraie vie. Si on écrit le mot marde, c’est parce qu’on l’utilise aussi dans nos discussions. Mais en même temps, on ne transpose pas en texte tout ce qui se dit dans nos conversations. Ça serait pas écoutable."