BadBadNotGood : Le bad, le good et le groove
Musique

BadBadNotGood : Le bad, le good et le groove

BadBadNotGood ne s’en fait pas trop avec les étiquettes. Jazz ou hip-hop, pourvu que ça groove, c’est le paradis.

Difficile de cerner l’attitude du trio BadBadNotGood, ou sa direction artistique. Pas évident de catégoriser un groupe qui semble surfer sur le hip-hop tout en cultivant une discipline jazz, et dont les séances d’improvisation ont parfois un caractère soul. Les Beastie Boys qui rencontrent Medeski Martin and Wood, par exemple, dans une joute instrumentale où tout semble permis. "Nous avons des goûts assez variés au sein du groupe, avoue le bassiste Chester Hansen. Pour ma part, ça va de The Who à Motown, en passant par Ray Brown et Paul Chambers… Je crois qu’on aime bien pouvoir jouer toutes sortes de musique. Avec BBNG, on a trouvé l’environnement idéal pour pouvoir s’exprimer sans se faire emmerder par des contraintes."

Chester et ses acolytes Matt Tavares (claviers) et Alex Sowinski (batterie) se fréquentent depuis à peine plus d’un an que déjà, BBNG est devenu la coqueluche de plusieurs mélomanes. Il n’a suffi que d’une simple vidéo sur Internet, où le groupe reprenait une pièce du rappeur Tyler, The Creator, pour que tout démarre en trombe.

"Nous avons récolté plus de 150 000 clics en seulement quelques jours avec cette vidéo. Tyler, The Creator lui-même l’a recommandée sur Twitter, et après ç’a été complètement fou. Quelques mois plus tard, en septembre dernier, on donnait notre premier spectacle à Toronto, dans un petit bar. Et notre deuxième spectacle, c’était en première partie de Roy Ayers [vibraphoniste américain] à New York! Ensuite, on a fait un premier album [intitulé BBNG], et notre second [BBNG 2] est déjà offert en ligne. Tu as raison, c’est allé vite!"

Du rappeur Tyler, The Creator à une légende du jazz (Roy Ayers), voici donc BBNG à la croisée des chemins, entre deux mondes musicaux qu’il tente d’explorer sans trop s’en faire avec les puristes. "Encore aujourd’hui, la foule est très variée lors de nos spectacles, constate Hansen. Tu as bien sûr beaucoup d’amateurs de hip-hop et d’autres curieux qui semblent assez ouverts d’esprit question musique. Mais dernièrement, nous étions à New York et quelqu’un m’a dit après le spectacle que nous avions l’attitude d’un groupe punk! Alors, je ne sais plus… Ce qui me plaît le plus, c’est lorsque je constate que certaines personnes semblent s’ouvrir un peu plus au jazz après nos concerts. Ça, c’est vraiment très cool."

En plus de parfaire leur art en trio, les trois musiciens sont en train de se démarquer à titre de producteurs et commencent déjà à additionner les collaborations avec quelques artistes. "Nous revenons de Brooklyn où nous étions en studio, justement. C’est pour l’album d’un artiste assez connu, mais nous ne pouvons malheureusement pas en parler. J’imagine que d’ici deux mois, il annoncera la nouvelle. Par contre, on vient de finir d’enregistrer des beats et des échantillonnages pour Earl Sweatshirt [rappeur américain d’Odd Future]. Ça se retrouvera sur son prochain album. On fait nos sons et on produit nos échantillonnages depuis le début. C’est devenu une sorte d’activité parallèle pour le groupe."