Bénabar : Douteux personnage
Musique

Bénabar : Douteux personnage

Le doute est une source de bénéfices pour Bénabar.

Il était temps, diront certains. Après un unique passage à Québec il y a environ cinq ans, Bruno Bénabar vient présenter pour la première fois à Montréal ses chansons, fines observations du quotidien transcendées par une écriture vive, souvent humoristique, lucide et précise.

Et il ne viendra pas seul, le Bénabar. "On est dix sur scène: deux choristes, des cuivres, des guitares, batterie, piano, accordéon… J’essaie de donner un spectacle festif, joyeux, entraînant, ce qui n’empêche pas quelques chansons plus tristes. Ce n’est pas un tour de chant où il faut écouter religieusement les chansons, c’est plutôt un truc divertissant, auquel les gens participent", résume Bénabar, reconnu pour ses concerts dynamiques et un tour de chant toujours très varié. "Je présente un spectacle qui est un mélange de tous les disques. Les spectacles, je n’ai jamais considéré ça comme le service après-vente d’un album. C’est une espèce de best of, un mélange de tous mes albums sans en défendre un en particulier. Il doit y avoir trois ou quatre titres du dernier disque."

Le dernier disque, c’est Les bénéfices du doute. Un titre qui ne signifie pas ce qu’on croit qu’il signifie. "Je doute de tout sans pour autant que ce doute soit écrasant, révèle Bénabar. C’est un peu comme la peur, ça permet d’être prudent, mais quand on se laisse gagner par elle, ça paralyse. Le doute, c’est pareil; il peut être vraiment constructif quand on arrive à le gérer pas trop mal. Donc, le doute amène des bénéfices."

Enregistré avec l’ex-Valentins Jean-Louis Piérot dans le rôle du réalisateur (qui a entre autres travaillé avec Bashung et Tété), Les bénéfices du doute est un disque sur lequel Bénabar a voulu prendre certains (petits) risques, histoire de ne pas tomber dans la redite; rien de radical, mais quelques changements de couleurs salvateurs. "J’espère que c’est une évolution", admet le chanteur aussi acteur à ses heures. "Musicalement, il est un peu différent car il y a un petit côté country qu’on ne retrouvait pas sur mes autres disques. En plus, il n’y a pas de cuivres ni de violons, donc c’est plus direct dans les arrangements. J’avais envie d’avancer.

"Ma grande peur avec ce sixième album était de me répéter, de tomber dans la facilité. Si on ne fait pas attention, on peut presque s’autoparodier. Donc, j’aime bien l’idée de me mettre un peu en danger. Ceci dit, pour moi, il n’y a pas de rupture parce que ça reste un album de Bénabar", affirme celui qui est considéré par plusieurs comme un des chefs de file de la chanson réaliste. "Il y a une évolution dans mes chansons, mais elle est surtout personnelle. Ce que je raconte est très inscrit dans le temps, il y a un côté chronique, donc en effet c’est assez réaliste. Je raconte les choses qui me touchent, qui m’émeuvent, mais elles ne sont pas les mêmes aujourd’hui à 42 ans que lorsque j’en avais 25."