Miles Smiles : Super conventum
Musique

Miles Smiles : Super conventum

Le saxophoniste Bill Evans, le trompettiste Wallace Roney et d’autres diplômés de l’école Miles Davis réunis au sein du supergroupe Miles Smiles.

"Je ne raffole pas de ces concerts-événements; personnellement, j’aurais préféré revenir chez vous avec mon propre band", de m’avouer candidement le saxophoniste Bill Evans, deuxième musicien du même nom à avoir connu la gloire aux côtés de Miles Davis, qu’on peut notamment entendre sur les plages de l’album Decoy enregistrées au Théâtre St-Denis en 1983. Même son de cloche de la part de Wallace Roney, à qui le défunt Prince des ténèbres a légué ses trompettes à sa mort en septembre 1991. "Je comprends tout à fait Bill", renchérit le dauphin désigné, qui aurait aussi mieux aimé présenter aux Montréalais la musique de son remarquable récent album, Home (HighNote). "Vous savez, je rends hommage à Miles chaque fois que je porte mon instrument à mes lèvres."

Pourquoi alors se prêter à cet exercice peu compatible avec la volonté d’innovation constante qui animait le créateur de Kind of Blue, Bitches Brew, Tutu et autres jalons de l’évolution du jazz? "Je me dis la même chose chaque fois que des promoteurs me font ce genre de proposition, mais la logique des grands festivals s’impose", de rigoler Roney, qui s’est fait philosophe avec le temps. "Ce qui distingue ce band des autres formations qui revisitent le passé, c’est qu’il réunit des amis qui sont tous des musiciens exceptionnels et qui ont tous joué avec Miles à un moment donné", précise Evans, qui ne tarit pas d’éloges pour ses comparses, notamment le trompettiste dont il vante le sens mélodique et les éblouissantes qualités d’improvisateur. Se joindront à eux le guitariste Larry Coryell (dont le fruit des séances avec Miles dans les années 70 est resté inédit), le bassiste Darryl Jones (qui, après avoir brillé auprès de Miles, a joué avec Sting puis les Rolling Stones), le percussionniste Omar Hakim (présent sur Tutu et Amandla), sans oublier l’organiste virtuose Joey DeFrancesco, jadis recruté par Miles à l’âge de… 17 ans!

"Jamais je ne me contenterais de juste singer la musique de Miles, ce n’est pas ce qu’il aurait voulu", d’affirmer Wallace Roney. "S’il y a une chose qu’il nous a apprise, c’est de toujours chercher des manières personnelles de s’approprier une musique, de s’exprimer à travers elle", opine Bill Evans. "Et aussi de rester sourd aux critiques, d’ajouter Roney. Miles me disait toujours: joue ta musique sans te soucier d’eux, sinon ce sont eux qui se joueront de toi."