Rémi Bolduc : Beau saxo
Musique

Rémi Bolduc : Beau saxo

À l’occasion de son 50e anniversaire de naissance qui coïncide avec ses 35 ans de carrière, Rémi Bolduc s’offre le luxe d’une sorte de jam-rétrospective au FIJM.

C’est vers l’âge de 15 ans que Rémi Bolduc a pour la première fois porté à ses lèvres le bec et fait courir ses doigts sur les clés d’un saxophone. "J’ai tout de suite senti une passion pour l’instrument", se rappelle le cinquantenaire dont la passion ne s’est jamais démentie. Étonnamment, ce ne sont pas de légendaires figures tutélaires qui ont poussé l’adolescent à épouser l’invention d’Adolphe Sax. "Dans ce temps-là, je n’écoutais pas grand-chose en dehors des disques des Beatles. J’ai tripé sur le saxo en tant que tel, plutôt que sur un groupe ou un jazzman en particulier."

Mais le jazz n’a pas tardé à s’imposer pour le natif de Saint-Hyacinthe qui garde un souvenir impérissable d’un concert de Supertramp (avec John Helliwell au saxo) au parc Jarry, dont le groupe du violoniste Jean-Luc Ponty assurait la première partie. "À ce moment-là, mon ami Luc Beaugrand (le pianiste) m’a initié à la musique de Charlie Parker, à laquelle je reviens encore et toujours depuis tout ce temps." Et comment! L’automne dernier, Rémi Bolduc remportait justement le Félix de l’album de l’année dans la catégorie "jazz interprétation" pour son Hommage à Charlie Parker (Effendi). "Bird reste un modèle à cause de la limpidité de ses phrases, de la clarté de ses idées, de la précision de son jeu, de la qualité de son timbre", renchérit Bolduc, intarissable sur le sujet. "Encore aujourd’hui, je suis soufflé par la variété de son inspiration; dans ses impros sur les mêmes thèmes, il ne joue jamais exactement la même chose, va toujours plus loin que les clichés. Et c’est toujours très sophistiqué jusque dans les plus petits détails; chez lui, chaque note compte."

Son admiration pour Charlie Parker n’a pas empêché Rémi Bolduc de s’intéresser à d’autres figures de l’histoire du jazz, dont des contemporaines comme le Bostonais Jerry Bergonzi, ex-partenaire de Dave Brubeck. "Pour avoir étudié et enregistré avec Jerry, je le considère comme un mentor; pas juste sur le plan musical, mais aussi d’un point de vue humain." Et dans ce parcours de 35 ans vers la maturité qu’on lui attribue volontiers, Bolduc reconnaît l’importance de sa rencontre avec le pianiste Kenny Werner. "Ç’a été vraiment marquant pour moi; travailler avec Kenny m’a donné plus de confiance en mes moyens, m’a aidé à raffiner mon son personnel", d’expliquer le saxophoniste qui enseigne depuis un bail à McGill et Concordia (et même, l’année passée, à L’Université Laval).

Un bon nombre d’étoiles du jazz québécois contemporain qui ont étudié sous la tutelle de Bolduc le rejoindront sur la scène de L’Astral pour la célébration musicale du 5 juillet prochain: les saxophonistes Alexandre Côté, Samuel Blais, Chet Doxas et Erik Hove. Désireux de nous ménager quelques surprises, le jubilaire préfère cependant taire les noms des autres invités-surprises. Compte tenu de son goût du risque et de la constante volonté de se remettre en question qui l’ont animé tout au long de sa carrière, on devine que ce concert-anniversaire sera riche sur le plan musical.