Sierra Leone's Refugee All Stars : Carnet de guerre
Musique

Sierra Leone’s Refugee All Stars : Carnet de guerre

Le Sierra Leone’s Refugee All Stars est un exemple de survie. Né dans la guerre civile, le groupe a retrouvé sa dignité grâce à la musique.

Entre Santa Fe et Kansas City, on joint le Sierra Leone’s Refugee All Stars, qui sillonne les États-Unis en tournée. La notoriété du collectif n’est plus à faire et son nouvel album, Radio Salone, semble marquer un nouveau chapitre pour l’ensemble, qu’on a connu grâce au documentaire qui porte son nom et qui a été réalisé par Zach Niles et Banker White en 2005. Ruben Koroma, leader de la formation, est plutôt fier de voir sa troupe continuer sa brillante carrière.

"Je dirais qu’à nos débuts et avec nos deux premiers albums, nous avons fait beaucoup trop de reggae, concède-t-il. Radio Salone est un disque qui revient à la source et qui nous a permis de revisiter les racines de la musique africaine. Tu remarqueras aussi que nous avons mis l’accent sur la rythmique et les voix. On a eu l’appui de Victor Axelrod [producteur], un vrai gentleman! La seule chose qui a été très difficile pour nous, c’est d’avoir eu à affronter l’hiver lors des enregistrements à Brooklyn. Ce n’était pas facile, je ne sais pas comment vous faites!"

Cette critique météo se termine avec le rire de Ruben Koroma, un rire contagieux qui reviendra souvent tout au long de l’entretien. Lorsque questionné sur la réputation scénique du groupe et ses performances endiablées, il nous résume ainsi la philosophie du groupe. "Ce n’est pas de la magie, c’est la réalité! En Afrique, la musique existe pour danser. C’est très simple, si la musique est bonne, eh bien les gens répondent avec enthousiasme et ils dansent. Il n’y a pas de magie, mais surtout beaucoup de pratique et de la discipline. Il n’est pas question d’improviser sur scène et de prendre ça à la légère. La musique, elle ne ment pas."

Et la musique peut devenir un instrument de survie dans certaines circonstances. Après s’être retrouvé dans un camp de réfugiés en Guinée à la fin des années 90, Ruben Koroma constate aujourd’hui le chemin parcouru grâce à son métier, qui est une vocation. "Ce documentaire a changé nos vies. Enfin, nous pouvions sortir et vivre de notre musique! La vie dans le camp de réfugiés n’était pas facile. On n’avait plus d’avenir. Maintenant, nous pouvons vivre comme des hommes et travailler. Nous avons un toit au-dessus de nos têtes, à Freetown [en Sierra Leone]. C’est une grande victoire pour nous. Il n’est pas question de laisser un système te détruire. Tu dois rester fort et continuer."